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Paris - Compte-rendu : Cadmus et Hermione ?
Stop Ce qui restait possible dans le théâtre du Bourgeois Gentilhomme devient improbable dans la Tragédie Lyrique, même dans Cadmus et Hermione qui n’est pourtant qu’une demi-œuvre, un prototype en fait. La faute à la langue. Essayez de penser Atys, ou Roland prononcés avec cet improbable accent pseudo-languedocien, et vous ne manquerez pas de rire. C’est d’ailleurs le risque que courait pour sa renaissance tant annoncée tout le premier essai d’opéra français de Lully, dont les parties dramatiques assez splendides se trouvaient contaminées par le personnage d’Arbas et ses scènes bouffonnes héritées d’une tradition toute italienne. Que le compagnon de Cadmus parle cette langue, passe encore, mais en l’imposant aux personnages tragiques l’effet comique s’y propage immanquablement. Et comme ces assonances en oi et en ouè sont fatigantes, disgracieuses.
Il est vrai que la pauvre poésie de Quinault – il fera bien mieux par la suite – n’offre aucune défense devant ce traitement exotique dont le soulignement des rimes obéit à des règles toujours irrégulières. On y perd son latin. Ces bizarreries qu’on justifie autant par la science que par l’intuition –l’une et l’autre ont bon dos - risquent bien de nous pourrir la seconde renaissance d’un genre fragile.Heureusement si l’équipe de Benjamin Lazar se fourvoie dans ces hypothèses, ni Christophe Rousset, ni William Christie n’ont encore emboîté ce pas dangereux.
La scène offrait des compensations, avec ses beaux costumes, ses éclairages subtils, mais le jeu compassé de tous lassait rapidement. Si l’on se souvient d’Atys, on reverra le vrai théâtre moderne que derrière les apprêts philologiques Villégier conservait – Quinault alors nous parlait comme nous parle Racine Aujourd’hui à vouloir gratter sa lettre on n’entend plus sa voix.. Ici tout se délite dans le pourquoi et le comment. Glissement dangereux. Plateau vocal incertain, sinon pour le Cadmus d’André Morsch, baryton sombre et mordant, mais dont on voudrait entendre le français naturel, et pas ce sabir ; seule bonne surprise, en fosse, une fois passés les embarras du Prologue un Vincent Dumestre poète, laissant chanter l’orchestre lullyste – les chaconnes, splendides de vraie musique - sans en solliciter les effets. Grâce à lui, cette bataille n’a pas été tout à fait perdue.
Jean-Charles Hoffelé
Jean-Baptiste Lully, Cadmus et Hermione, Opéra Comique, le 23 janvier, puis les 24, 26 et 27 janvier 2008.
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