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Paris - Compte-rendu : Echec et mat, Adriana Mater de Kaija Saariaho à la Bastille
En se rendant à l’opéra on risque parfois d’assister à des meurtres en direct. Ainsi le livret contourné d’Amin Maalouf, avec ses fausses naïvetés et son langage singeant Maeterlinck, a t’il assassiné impitoyablement le second essai lyrique de Kaija Saariaho. Ecrire un livret demande un métier que Maalouf ne possède décidément pas : sa prose retarde immanquablement l’action et délaye les prises de conscience de ses personnages. Pour L’Amour de loin le sujet épargnait le romancier même si l’on pensait sotto voce à ce qu’aurait pu tirer un auteur plus rompu à l’univers du théâtre de la passion du Prince de Blaye et de la Comtesse de Tripoli, mais dans cette Bosnie en guerre le texte étouffe un scénario pourtant excellent.
Saariaho n’aide d’ailleurs pas son librettiste : la quasi totalité de son opéra recourt unilatéralement au chant syllabique, le meilleur moyen de rendre un texte incompréhensible surtout lorsque l’on réuni une distribution exclusivement composée de chanteurs étrangers guère rompus à la langue française.. On ne détaillera pas les contre performances des quatre protagonistes dont il fallait sans cesse lire le surtitrage. En fosse Salonen est souverain, rendant la tension incessante d’une partition au noir assez fascinante. Mais tout le travail de Saariaho semble s’être concentré là, au point qu’on pourrait ôter les voix sans dommage, et garder sa fantastique bande son où l’électronique épaule l’acoustique.
Déception terrible, jusque dans la mise en scène minimaliste, assez convenue, de Peter Sellars. On se consolait avec les éclairages de James F. Ingalls qui animaient les étranges structures opalescentes chères à Georgs Tsypin en un cycle de couleurs lentement répétitifs.
Jean Charles Hoffelé.
Adriana Mater de Kaija Saariaho, Opera Bastille le 10 avril 2006
Photo Ruth WALZ/ Opéra national de Paris.
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