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Paris - Compte-rendu : Fin prêts pour la grande tournée !
Comme de coutume lors des passages de l’Orchestre National du Capitole à Paris, le public est venu nombreux à Pleyel samedi dernier pour un concert marquant le début d’une grande tournée européenne de la phalange toulousaine et de celui qui, premier chef invité et conseiller musical depuis 2005, est devenu son directeur musical il y a peu : Tugan Sokhiev. Après Paris, ce sont Bruxelles, Berlin, Hambourg, Varsovie, Budapest, Vienne, Linz, Modène, Belgrade et enfin Zagreb qui pourront juger de la superbe entente qui règne entre le jeune maestro ossète et ses musiciens.
L’Orchestre National du Capitole, fidèle à sa réputation, part en tournée avec des programmes largement ouverts à la musique française (Berlioz, Franck, Poulenc, Messiaen), mais il dédie son concert parisien à des œuvres norvégienne et russe. Partenaire régulier de Toulousains, Nelson Freire est le soliste du Concerto en la mineur, op 16 de Grieg. D’une profonde poésie, la conception de l’artiste ne surprend sans doute pas de la part de celui que l’on associe depuis très longtemps à cette partition fétiche. Quel bonheur néanmoins de goûter une fois de plus à une interprétation dédaigneuse tout effet de manche, où le Brésilien cultive, sans le moindre maniérisme, les plus subtiles nuances. Pas un détail de la partition qui ne soit mis au service du lyrisme sous les doigts d’un poète pianiste, bien aidé par ses attentifs partenaires. On regrette seulement que l’acoustique peu spatialisée de Pleyel ne permettent pas à une conception aussi raffinée de pleinement s’épanouir.
En seconde partie de soirée, la 5ème Symphonie de Chostakovitch montre la phalange toulousaine dans un répertoire auquel on n’avait jusqu’ici pas coutume de l’associer. La musique russe a sans nul doute vu sa place croître depuis l’arrivée du successeur de Michel Plasson, mais – on a déjà eu l’occasion de le souligner en d’autres occasions – la personnalité de la formation demeure, intacte. Homogénéité des cordes, richesse de l’harmonie : tirant parti de ces qualités, Sokhiev signe une très belle Symphonie en ré mineur. Les auditeurs habitués aux enregistrements de Mravinski et Kondrachine peuvent être surpris par une vision débarrassée des pesanteurs de la tradition, classique par bien des aspects. Les approches d’un tel chef-d’œuvre sont nombreuses et celle de Sokhiev emporte l’adhésion par sa vigueur et sa fervente sobriété. A l’évidence les Toulousains sont fin prêts pour une tournée qui promet de faire honneur à la réputation d’une de nos plus belles formations symphoniques.
Notez dès à présent sur votre agenda que Sokhiev et l’ONCT seront de retour à Pleyel le 20 mars prochain, en compagnie de l’Orfeon Donostiarra, pour un programme tout Prokofiev (Roméo et Juliette, Alexandre Nevski).
Alain Cochard
Salle Pleyel, le 25 octobre 2008
Programme détaillé de la salle Pleyel
>Les prochains concerts de Tugan Sokhiev
Photo : DR
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