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Paris - Compte-rendu - Inva Mula sauve la Rondine au Châtelet

La Rondine toulousaine selon Nicolas Jöel, déjà vue au Capitole, investissait avec ses décors impressionnants la grande scène du Châtelet. Jean-Pierre Brossman adressait au public, privé de la Magda d’Angela Gheorghiu, quelques mots bien sentis sur les caprices de la diva roumaine avant de tresser des lauriers au « vrai professionnalisme » d’Inva Mula, qui la veille chantait contre le mistral Antonia aux Chorégies d’Orange.
Les décors de Frigerio ont été quelque peu modifiés pour l’acte de Bullier, afin d’utiliser un cadre plus large et une scène plus profonde. La boule à facettes disparaissait à moitié derrière des portants, ce qui laissait plus de places aux éclairages subtilement changeant de Vinicio Cheli. Marco Armiliato avait ajusté ses tempos, plus prestes qu’à Toulouse, et l’Orchestre du Capitole saisissait toute la poétique délicate d’une partition aussi brillante que profonde. Si Guiseppe Filianoti campait un Ruggero plus crédible physiquement que Giuseppe Cipali, il fut loin d’en posséder la pureté stylistique et l’élégance vocale, trop uniment vériste. Toute la compagnie de chant excellait comme à Toulouse, Alberto Rinaldi plus blessé au II, Marius Brenciu, toujours aussi délicieux en Prunier, et Annamaria dell’Oste piquante à souhait en Lisette.

Si Mula soigna son chant, offrant d’exquis pianissimo filés et chauffant sa voix pour emplir sans difficulté le vaste vaisseau du Châtelet, sa Magda demeurait toujours aussi sentimentale, sans caractère, sans piquant. Ovation du public, méritées, mais si Gheorghiu ne s’était pas montré aussi légère avec ses engagements nous aurions découvert le vrai visage d’un personnage complexe, dont les ambiguïtés continuaient d’échapper à la soprano albanaise.

Jean-Charles Hoffelé

La Rondine de Giacomo Puccini, Théâtre du Châtelet, le 10 juillet 2005

Photo: M.N. Robert

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