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Paris - Compte-rendu : Itzhak Perlman en récital à Pleyel – De l’ennui au bonheur pur
Le récital était annoncé comme exceptionnel, certainement à cause de la personnalité des deux artistes en présence et par le fait même que l’on a rarement l’occasion de les entendre à Paris. Pourtant, la déception fut au rendez-vous, surtout en première partie de programme. Certes nous entendîmes du très beau violon : une sonorité chaleureuse et profonde, d’une parfaite homogénéité dans tous les registres, un archet d’une fiabilité époustouflante et d’une vivacité extrême, une main gauche prodigieusement agile et sûre. Mais, musicalement, on pouvait rester sur sa faim…
Après un Rondo brillant de Schubert, somme toute assez banal tant la répétition des thèmes était pour ainsi dire figée, sans aucune originalité, la Sonate n°5 « Le printemps » de Beethoven parut sans âme, sans une once d’intériorité. La musique avançait d’une démarche assurée et altière, mais vers quel but ? On avait l’impression que, dans ces œuvres trop souvent jouées, Itzhak Perlman ne trouvait plus à rien à dire de très original, que son extraordinaire inventivité d’antan était comme tarie.
Mais, on ne s’appelle pas Perlman pour en rester là. La seconde partie du programme allait nous rendre le très grand violoniste que nous avions jadis connu et admiré. La Sonate de Strauss, ouvrage de jeunesse, fut une véritable révélation. L’Allegro non troppo initial fut une véritable leçon de musique de chambre ; les deux partenaires s’employèrent avec énormément de bonheur à faire ressortir toute la puissance et le lyrisme contenus dans cette page. L’Andante, sous l’archet du violoniste et les doigts du pianiste, méritait tout à fait son épithète de cantabile. La passion, l’impétuosité et la luminosité de l’Allegro final évoquaient le Strauss des grands poèmes symphoniques. Le public, debout, fit une ovation aux artistes. Il est vrai qu’après les cinq bis, alternant virtuosité (étourdissant Perpetuum mobile de Ries !) et tendresse (simple et poétique Après un rêve de Fauré), il y avait lieu d’être ravi et ébloui. Quarante minutes de quasi-ennui suivies de quarante minutes de bonheur complet : demi-réussite ou demi-échec ?
Xavier Rey
Itzhak Perlman (violon), Bruno Canino (piano). Récital du 19 novembre 2007, salle Pleyel
Photo : DR
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