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Paris - Compte-rendu : Karajan in memoriam

En tournée d’hommage à Herbert von Karajan dont on célèbre le centenaire de la naissance cette année, le Philharmonique de Berlin s’est arrêté à Paris. Pour l’occasion, on a vu refleurir les fameuses pancartes « Cherche place » devant les portes de la salle. Un programme alléchant, il est vrai, était dirigé par Seiji Ozawa (photo), l’un des chefs les plus aimés en France : le Concerto pour violon de Beethoven et la Symphonie Pathétique de Tchaïkovski.

La première œuvre souffrit hélas des lenteurs mièvres de la soliste Anne-Sophie Mutter. Si elle fut lancée à 15 ans par Karajan, elle a bien oublié aujourd’hui les leçons de rigueur et de style que le chef autrichien savait inculquer à ses cadets. Il n’aurait pas eu la patience d’Ozawa et l’aurait remise promptement à sa place : c’est un bien grand honneur pour elle de pouvoir accompagner un tel orchestre. Même en pilotage automatique, quelle transparence et quelle réactivité !

Quand Ozawa put se donner entièrement à ces musiciens d’exception, ceux-ci, qui n’attendaient que cela, le suivirent d’un seul élan. De l’entrée couperet du second thème du premier mouvement au thrène tragique du lamento final, le public a eu sa dose d’émotions maîtrisées. Le miracle, c’est que cette montagne de souffrances qui va bientôt définitivement submerger le compositeur et l’entraîner dans la mort, est toujours offerte dans une perfection formelle d’autant plus stupéfiante qu’elle n’est jamais synonyme de froideur ou de distanciation.

Les solos de basson, de clarinette ou de flûte sont à tomber par terre, mais nul ici ne songe à briller pour lui seul, il participe seulement au grand œuvre en train de se réaliser en temps réel. Oui, Seiji Ozawa a eu raison d’aller saluer chacun des musiciens du Philharmonique de Berlin après un tel résultat.

Jacques Doucelin

Salle Pleyel, 25 janvier 2008

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Photo : DR
 

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