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Paris - Compte-rendu : La compagnie de Matthew Bourne enfin à Paris
Il fallait pour reprendre le rôle du Cygne à jamais marqué dans la chorégraphie de Matthew Bourne par l’empreinte d’Adam Cooper un danseur-acteur de premier rang : Jason Piper y atteint une perfection technique assez époustouflante, même si son pas de deux de séduction ne retrouve pas tout l’érotisme de celui si sulfureux laissé par son aîné (et documenté sur le DVD du spectacle). Mais Piper excelle par contre dans l’Etranger, usant d’un jeu de scène provocant, et le tableau final convient à son caractère sombre. Le corps de ballet tient la distance d’une chorégraphie particulièrement exigeante, une sorte de petit miracle lorsque l’on sait que chaque soir et quatre fois le week end le spectacle est assuré avec ce professionnalisme qui est une marque distinctive des compagnies anglaises. Le Prince selon Neil Penlington n’a jamais quitté son enfance, le portrait est touchant, mais il paraît que l’autre tenant du rôle, Simon Wakefield, y excelle également.
Cette production réserve toujours autant de plaisirs, la parodie du ballet classique à l’acte I entraîne mécaniquement un rire inextinguible, la virtuosité débridée du tableau au Swank Bar est décidément d’anthologie, et avec les années la puissance du drame amoureux, renforcée par la mise en lumière de l’idée de transgression, ne s’est en rien émoussée. Dans la fosse, devant un petit orchestre virtuose, Mélanie Thiebaut a su rendre la puissance dramatique de la partition en évitant le mélo : un talent à suivre. Vous avez jusqu’au huit janvier pour voir ce Lac des Cygnes qui, après avoir fait le tour du monde, a mis une décennie avant de franchir la Manche. Ne laissez passer l’occasion sous aucun prétexte.
Jean-Charles Hoffelé
Le Lac des Cygnes de Tchaïkovski, chorégraphie de Matthew Bourne, Théâtre Mogador, le 10 décembre, et jusqu’au 8 janvier.
Photo : DR
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