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Paris - Compte-rendu : Les Illuminations de Britten et Topi Lehtipuu, une rencontre manquée
On n’espérait pas grand choses d’une Ouverture d’ Iphigénie en Aulide de Glück et d’une Symphonie ‘Il Distratto’ de Haydn que Bolton dirigea en effet d’un même geste fluide et lisse, reconduisant deux partitions qui peuvent sonner avec une toute autre ampleur à l’univers charmant des porcelaines de Saxe : plus rococo, tu meurs. A force de vouloir jouer léger et en finesse, les musiciens des formations symphoniques finissent par singer le pire des ensembles baroques et se transforment en éléphants dans un magasin de porcelaines.
Mais l’on attendait beaucoup des Illuminations de Britten que Topi Lehtipuu, notre fringant Atys des Paladins, notre prégnant Hylas des Troyens, illuminé de ces récentes gloires parisiennes, abordait semble-t-il pour la première fois. Las, son ténor sans legato peinait dans une œuvre écrite pour la voix longue et infiniment flexible de Peter Pears, le timbre même manquait cruellement de couleur, et le français devenait incompréhensible non seulement dans les périlleuses sections syllabiques (Villes) mais jusque dans les éthers d’Antique ou de Marine où Lehtippu retrouvait quelques moments de pure poésie. Bolton dirigeait léger et ardent à la fois, décidément chez lui dans Britten.
La seconde partie s’ouvrait par quatre lieder de Schubert orchestrés pour les trois premiers par Max Reger. Orchestrés ? Massacrés oui, comment peut-on exhumer depuis quelques années ces transcriptions malheureuses où plus une goutte du génie, entre autres, d’An die Musik (bien trop bas pour le ténor sans grave du finlandais) ne se reconnaît ? Après ces trois pensum, retrouver le lumineux accompagnement en pizz de Ständchen imaginé par Weingartner nous réconciliait avec Schubert. Lehtippu récitaliste ? Il faudra voir mais lorsque l’on a devant soi une carrière toute tracée à l’opéra dans les emplois de caractère (en forçant sa nature, mais surtout son physique, il ferait à coup sûr une Mime surprenant), il serait dommage ne pas s’en contenter.
Jean-Charles Hoffelé
Concert de l’Orchestre de l’Opéra de Paris, Palais Garnier, le 18 février.
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