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Paris - Compte-rendu : Les noces de la jeunesse et de l'authenticité


Le directeur musical de l'Orchestre de l'Opéra de Rouen, l'Autrichien Oswald Sallaberger (photo), a confirmé ses affinités mozartiennes en présentant après une passionnante Zaïde un remarquable Cosi fan tutte à la Cité de la Musique. Ses musiciens connaissent bien l'ouvrage qui avait fait la réouverture de leur théâtre l'an passé. Mais la version de concert pose toujours des problèmes d'équilibre entre voix et orchestre. Et Dieu sait si celui-ci est important; voire imposant, dans Cosi fan tutte dont il est le héros principal, le meneur de jeu, celui qui tire les ficelles des quatre marionnettes victimes de l'expérimentation cruelle d'un vieux philosophe et d'une soubrette délurée. Il bat la chamade au rythme des coeurs énamourés.

A signaler la courageuse originalité des instrumentistes qui n'hésitent pas à expérimenter le jeu sur instruments anciens: les cordes ont ainsi troqué le métal pour le boyau, trompette et timbale sont d'époque. Mais la mue n'est pas encore généralisée et l'ensemble conserve le diapason moderne. Cette initiative courageuse mérite d'être saluée. La distribution juvénile et très équilibrée a été réunie par le directeur de l'Opéra de Rouen Daniel Bizeray. Chacun y est à sa place et à la mesure de son rôle. Comme chez Molière, c'est la servante au grand coeur qui mène la danse avec un entrain vif argent, alias Virginie Pochon, Despina de rêve, voix fruitée et jeu délié appris à l'Opéra de Lyon du temps de sa grandeur.

Les donzelles ont du charme comme la Fiordiligi de la soprano canadienne Guilaine Girard qui pique ses coloratures du premier acte en haut de son rocher comme autant de banderilles victorieuses, et même du piquant comme sa Dorabella de soeur, joliment campée par la mezzo française Marie Lenormand. Les garçons ne sont pas en reste et l'on n’oubliera pas de sitôt le timbre raffiné à souhait du ténor américain John Bellemer, excellent Ferrando. Son complice aux origines irlandaises et françaises Edwin Crossley-Mercer est plus réservé, mais pas moins convaincant.

Une belle soirée à laquelle il ne manquait que la dimension théâtrale.

Jacques Doucelin

Cité de la Musique, 17 septembre 2008.

Programme détaillé de la Cité de la musique

Photo : DR

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