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Paris - Compte-rendu : Les Toulousains triomphent à Pleyel
La lumière et le feu : ainsi pourrait-ton résumer en deux mots le concert de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse et de Tugan Sokhiev (photo), avec Renaud Capuçon en soliste, qui ont triomphé samedi soir à Pleyel. Triomphe justifié ô combien ! Après une ouverture de Rosamonde de Schubert, fourmillante de détails et de couleurs, où les instrumentistes se « mettent en jambe », on passe aux choses sérieuses avec le Concerto pour violon de Mendelssohn. Œuvre de lumière, elle s’accorde idéalement à la sonorité radieuse du violoniste français. L’Opus 64 permet aussi de prendre la mesure de l’évolution d’un jeu qui a beaucoup gagné au fil des ans en ampleur et en présence. Capuçon et Sokhiev ont l’habitude de collaborer et le résultat se révèle idéal de complicité, d’équilibre et de justesse stylistique. Un moment de beauté et de grâce que le soliste prolonge avec, en bis, le Ballet des ombres heureuses de Gluck transcrit par Fritz Kreisler, fabuleux de pureté et poésie.
Que d’évolution aussi dans la relation de Tugan Sokhiev avec son orchestre. Trois ans après la nomination du chef ossète, un nouveau chapitre s’ouvre à l’évidence dans sa relation avec la phalange toulousaine. La période de « prise en main» est passée. Détail significatif, Sokhiev dirige sans baguette la Symphonie n°5 de Tchaïkovski – une œuvre dans laquelle nous l’avions entendu à la fin de l’année 2005. Le geste du maestro demeure toujours aussi précis, mais on y trouve plus de sensualité, de fluidité, de rondeur et un engagement physique aussi complet que suggestif. Une confiance absolue règne à l’évidence entre les Toulousains et l’un des plus considérables chefs de sa génération ; celui-ci sait quand il peut s’autoriser à relâcher un peu les rênes. Des instants qui ne font que rendre plus fascinante sa manière de tendre, de chauffer à blanc (prodigieux finale !) la musique de Tchaïkovski avec une radicale absence d’emphase, d’en soigner la poésie aussi en exploitant les timbres splendides d’un orchestre qu’il emporte dans une belle aventure musicale, respectueux de l’héritage dont il est porteur. Heureux Toulousains…
Notez que Tugan Sokhiev sera de retour à Paris le 17 mai, à la tête de l’Orchestre National de France, dans un programme russe où Jonathan Gilad interprètera le 1er Concerto de Rachmaninov.
Alain Cochard
Salle Pleyel, le 12 avril 2008
Réservations à la Salle Pleyel
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Photo : DR
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