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Paris - Compte-rendu : Louise à la Bastille - Zola à la Bastoche
Voilà une reprise d'un spectacle de l'an passé, qui vient à point nommé : roman musical à la gloire de Paris, Louise de Gustave Charpentier a, en effet, de quoi attirer et combler les nombreux touristes étrangers présents dans la capitale cet été. C'est, en outre, une soirée qui fait vraiment honneur à l'Opéra National de Paris bien installé ici dans le peloton de tête des grandes scènes lyriques internationales. Nouveau venu dans la production, le jeune chef belge Patrick Davin, vrai mixte de Boulez et de Plasson, sait motiver l'orchestre comme les choeurs de l'Opéra.
Du premier, il tire le meilleur en mettant au jour la richesse foisonnante d'une partition tissée de clins d'oeil, ou plutôt d'oreille, et d'enfilades de citations cocasses de Wagner, Massenet ou d'Offenbach. Les seconds ont la vedette dans le morceau d'anthologie que constitue la scène de l'atelier de couture dont le joyeux babil des cousettes clôt l'acte II. Il faut dire que le metteur en scène André Engel comme son décorateur attitré Nicky Rieti ont été particulièrement inspirés par cette féérie parisienne qu'ils ont replacée avec bonheur dans le réalisme poétique des films de Marcel Carné. Personne ne manque à l'appel, du chiffonnier aveugle incarnation du destin à la prostituée affalée au petit matin blême sur un banc de la station Montmartre.
Dans le rôle-titre, Mireille Delunsch habite désormais plus complètement son personnage. La Mère très années 30 de Jane Henschel reste incroyable de vérité, pour ne pas dire de vérisme parfaitement justifié. Mais tous ces caractères sont creusés, jamais simplistes. Une mention spéciale au Père criant et bouleversant de vérité tragi-comique du grand Alain Vernhes digne successeur des Bacquier et des Van Dam, tenant la balance égale entre le jeu et le chant : un modèle, un monument du chant français à protéger absolument.
Autre nouveau venu, le ténor américain Gregory Kunde est le seul à inspirer quelques réserves par sa manière « brute de décoffrage » dans le rôle d'amoureux transi de Julien. Que n'a-t-il profité des conseils et de l'exemple d'Alain Vernhes? Cela lui aurait évité dans son air d'entrée d'ouvrir toutes grandes les vannes du vérisme à l'italienne au risque de compromettre la suite de son parcours de combattant lyrique !
Jacques Doucelin
Opéra Bastille, le 8 juillet 2008. Dernières représentations les 10 et 12 juillet (à 19h30).
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