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Paris - Compte-rendu : Myung-Whun Chung dans son univers


Dans le cadre du cycle consacré au centenaire de Messiaen, l’Orchestre Philharmonique de Radio France entrait dans le vif du sujet avec la Turangalîla-Symphonie, fresque haute en couleur qui contribua à la gloire du compositeur français. Myung-Whun Chung est à son affaire dans une partition qu’il s’est appropriée depuis ses débuts à l’Opéra Bastille en 1989 où, en présence de Messiaen, il donnait déjà une interprétation vivifiante de cette œuvre démesurée comparable à une épopée hugolienne. Si Chung n’a pas perdu de sa force d’impact ni de son engagement physique, il semble désormais privilégier la dimension tellurique (à cet égard la péroraison finale est digne des Fonderies d’acier après une interruption involontaire due au dévissage d’une cloche !), quitte même à envahir le piano coloré, poétique et prégnant de Roger Muraro, dans les moments les plus cataclysmiques. Les musiciens de l’orchestre se livrent à une démonstration très convaincante et savent, le cas échéant, distiller des jeux de timbres et de nuances. Les percées des ondes Martenot tenues à merveille par Valérie Hartmann-Claverie apportent cet élément d’étrangeté qui est le propre de la Turangalîla-Symphonie.

On sort à la fois un peu assommé par cette lecture cohérente, voire primitive, mais aussi troublé par la maîtrise virtuose déployée au cours de ces dix mouvements où s’entrecroisent rythmes percussifs et mélodies sensuelles. Le 26 septembre dernier, dans la même salle, Hymne (reconstituée de mémoire par Messiaen en 1946) et Concert à quatre (sa dernière œuvre complétée par Yvonne Loriod et Heinz Holliger) témoignaient avec bonheur de l’amour indéniable que le chef coréen porte à la musique de ce compositeur hors de toute mode et de tout courant.

Michel Le Naour

Salle Pleyel, 3 octobre 2008

Programme détaillé de la Salle Pleyel

Photo : DR

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