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Paris - Compte-rendu - Rafal Blechacz au TCE - Jeune Pologne
La silhouette est on ne peut plus juvénile, on voudrait dire le jeu aussi, mais non. Quel contrôle, quel art de la construction, quel goût également. Décidément Rafal Blechacz étonne par sa maturité.
Un Concerto italien joliment babillé mais pourtant très droit, une 17e Sonate de Mozart subtilement colorée mais jouée en passant ne disaient pas grand chose et pourtant forçaient l’admiration. Ce piano timbré et léger, cette digitalité sans poids mais qui dit tout de même sont assez rares de nos jours.
Pour les périlleuses Variations op 3 de Szymanowski – pas celles que joue d’habitude Krystian Zimerman (opus 11 celles là) – le son se creuse enfin, les mains parlent, le sens se trouve.
On espérait les Chopin de la seconde partie, on n’avait pas tort. Très belle Troisième Ballade, dans son entre chien et loup, respirée avec subtilité, puis l’opus 17, où Blechacz n’hésite pas à idéaliser la danse populaire, accentuant les contrastes et déployant des cantabile belcantistes malgré une petite dramaturgie un rien voyante dans le crescendo de la la mineur. Sommet, une Polonaise fantaisie perdendosi, très bien vue, chantée dans l’ombre, avec une subtilité d’accent qui lui interdisait tout tragique.
C’est l’éclat principal mais aussi la limite de cet art encore trop pudique. L’adagio de la Sonate de Mozart, les pages les plus perdues de la Polonaise Fantaisie auraient voulu justement qu’on regarde derrière leur musique, qu’on aille chercher la faille ou l’abîme. Cela viendra, pour l’heure un magnifique instrumentiste nous est déjà né, gageons que demain les ailes du musicien lui pousseront.
Jean-Charles Hoffelé
Récital de Rafal Blechacz, Théâtre des Champs-Elysées le 27 mars.
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Photo : Felix Broede/DG
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