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Paris - Compte-rendu : Sentiment mitigé
Depuis sa fondation en 1991, l’Orchestre des Champs-Élysées s’est aventuré dans un répertoire à spectre large. Philippe Herreweghe ne craint plus d’aborder des partitions romantiques et post-romantiques (Bruckner et Mahler) pourtant marquées par des interprètes influencés par le raz-de-marée wagnérien. Le concert qu’il donne Salle Pleyel s’apparente à la langue d’Esope. Le meilleur est incontestablement la Symphonie n°94 « La Surprise » de Haydn, enlevée et ne manquant ni d’esprit ni de fougue. Violoncelliste racé, Jean-Guihen Queyras est à son affaire dans le Concerto en ut majeur du même compositeur où il ne cherche jamais à enfler sa sonorité mais dessine plutôt une ligne d’un bel équilibre en parfait accord avec le chef.
En revanche, la Symphonie « Héroïque » de Beethoven n’appelle pas les mêmes louanges : la tension pourtant nécessaire comme les contrastes sont abandonnés au profit d’une conception plus linéaire (Marche funèbre) que titanesque (Allegro molto final). Il suffit d’entendre aujourd’hui dans la même œuvre des musiciens comme David Zinman avec un orchestre traditionnel, ou John Eliot Gardiner avec l’Orchestre Révolutionnaire et Romantique, pour se rendre compte de la différence. Si l’enthousiasme du public est à son comble, c’est sans doute à Beethoven qu’on le doit.
Michel Le Naour
Salle Pleyel, 30 septembre 2008
Photo : DR
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