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Paris - Compte-rendu - Soleil de minuit, Jukka-Pekka Saraste et l’Orchestre de Paris
Un des obsessions de Jukka-Pekka Saraste demeure la lumière. Sa baguette énergique et ample monte sans cesse : il ne bat pas la mesure, il l’élève. Des tempos rapides allaient comme un gant aux Cinq Piècess de Schoenberg, peintes en couleurs vives, rendues à leur incessant foisonnement rythmique sans pour autant en paraître comptées. Car pour Saraste le tempo est le rythme de la couleur, la vibration de la teinte et la palette des musiciens de l’Orchestre de Paris lui en offrit des plus chatoyantes.
Kaija Saariaho était venu assister à l’interprétation de son concerto pour violon Graal théâtre dont son compatriote Jan Storgärds s’est fait, à l’exemple de Gidon Kremer, un défenseur inspiré. Autant Kremer joue dans le crin de l’archet, abrase, autant Storgärds allége tout, évoluant dans le décor fluide que Saraste semble inventer mesure après mesure. Les trente minutes de l’œuvre ne semblent en durer que quinze tant la lyrique imagée de cette partition qui doit beaucoup aux influences françaises est dense, surprenante, ouvre des portes dans des murs que l’on croyait d’un bloc.
En seconde partie, Saraste ne s’embarrassait pas de métaphysique pour le Concerto pour orchestre de Bartok. Aucune morbidité, le compositeur avait beau être dans ses derniers temps, il écrivait simplement un divertissement pour illustrer le brio des phalanges symphoniques américaines. Emmenant tout son monde au galop, ne laissant aucun sfumato polluer l’écriture précise de Bartok, Saraste fit briller l’Orchestre de Paris d’un éclat aveuglant.
Jean-Charles Hoffelé
Photo : DR
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