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Paris - Compte-rendu : Souffler c’est jouer !
C’est d’abord le boyau de mouton – pas de chat, rassurez-vous ! – qui a pris sa revanche sur les cordes en métal dans les premiers orchestres baroques. Les vents eux accusaient un certain retard, paralysés par la menace des inévitables couacs des fameux cors naturels. Mais avec la troisième génération baroque, les soufflants ont perdu leur timidité. Ils se risquent même à sortir seuls désormais accompagnés d’une unique contrebasse. Tel est le cas de l’Octuor A Venti qui s’est emparé du répertoire cher à ses collègues des Philharmonies de Vienne et de Berlin. La différence, c’est qu’A Venti joue des bois en vrai bois et des cuivres qui paraissent bien rudimentaires à nos oreilles du XXIe siècle.
Or, ces instruments passaient, à leur époque, pour le nec plus ultra de la modernité : les voici soudain promus objets de musée et témoins du passé… Les vicissitudes du progrès ne sont décidément pas le moindre paradoxe de la démarche baroque dont nous avons certes beaucoup à apprendre, mais avec des instruments qui portent souvent leur âge. Du moins du côté de l’harmonie. Pour le concert qu’il vient de donner au Théâtre de L’Athénée le 8 octobre, A Venti aurait pu se contenter de quelques cassations et autres sérénades galantes….
Comme pour son premier disque (Calliope), il a choisi une transcription de L’Enlèvement au sérail que certains croient pouvoir attribuer à Mozart. Ce qui n’a rien d’invraisemblable eu égard d’une part à une lettre de Wolfgang à son père et d’autre part à l’absence de flûte, instrument que Mozart haïssait tant il le trouvait faux ! Les seize numéros et l’ouverture de l’opéra ainsi transcrits témoignent de la richesse de cette foisonnante partition dont l’empereur Joseph II disait à l’issue de la première : « Trop de notes, mon cher Mozart ! », ce dernier rétorquant : « Pas une de trop, Majesté… »
On constate, en vérité, qu’il en reste assez pour alimenter cette transcription pour octuor à vent permettant d’admirer la richesse de l’écriture mozartienne : même privée des parties vocales, elle garde toute sa saveur harmonique, que ce soit dans le grand air dramatique de Constance « Martern aller Arten » que dans le réveil bouffe d’Osmin « O, wie will ich triumphieren ».De même l’essentiel de l’ouverture avec sa célèbre musique de janissaires est sauf. En seconde partie, A Venti nous a fait découvrir une Partita de Krommer, contemporain de Mozart, intitulée « La Chasse » qui convoque les cors du même nom dans un finale endiablé.
Dans le genre musique de plein vent, il reste à notre octuor à s’attaquer au répertoire de la Révolution française. Vaste programme.
Jacques Doucelin
Théâtre de l’Athénée, lundi 8 octobre 2007
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Photo : DR
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