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Pelléas et Mélisande au Musée d’Orsay
Donnée en 2004 au Musée d’Orsay dans la mise en scène de Vincent Vittoz, la version avec accompagnement de piano de Pelléas et Mélisande est de retour dans le cadre du cycle « Maurice Denis et la musique ».
Rien de plus logique que la reprise du Pelléas et Mélisande mis en scène par Vincent Vittoz parallèlement à l’exposition que le Musée d’Orsay consacre à Maurice Denis. Ce dernier était en effet l’auteur des décors lors de la création de la pièce de Maeterlinck en 1892. Dix ans plus tard, Claude Debussy offrit son Pelléas et Mélisande sur la scène de l’Opéra Comique. Du directeur de celui-ci, Albert Carré, Debussy avait obtenu au début du mois de mai 1901 la promesse que son opéra serait représenté l’année suivante. Il s’était alors mis à l’orchestration d’un ouvrage dont il avait déjà réalisé une version chant et piano.
Version préalable – et non pas originale, comme cela a pu être écrit ici ou là -, celle-ci ouvre une perspective enrichissante sur l’ouvrage de Claude de France. De ce dépouillement, de la nudité du drame, le metteur en scène Vincent Vittoz fait « un atout » en raison « du relief que le simple accompagnement de piano donne au texte et aux personnages. Il permet d’approfondir la psychologie des relations entre les protagonistes afin d’aller au plus près de la problématique de chaque personnage. Je me suis appuyé sur la qualité de comédien des interprètes, constate-t-il, et je leur ai demandé un vrai travail de comédiens. On est presque plus proche du théâtre que de l’opéra. »
Ce spectacle constitue le premier Pelléas de la carrière de Vincent Vittoz. « Un cadeau pour un metteur en scène » que cette œuvre, s’enthousiasme-t-il. « Je n’ai pas monté Pelléas dans une brume nordique et dans un rapport au symbole un peu effacé et éthéré, j’ai cherché à aller au creux des personnages et de leurs situations », affirme celui qui précise dans sa note d’intention : « J’ai voulu laisser toute latitude à l’interprétation personnelle du spectateur. Je ne pose que des questions à l’œuvre et n’impose aucune réponse. Je donnerai toutefois un indice. J’ai choisi de suivre Golaud à la loupe dans son douloureux cheminement et d’extirper au scalpel les violences que sa passion égocentrique génère. Arkel dira au centre du drame « Si j’étais Dieu, j’aurais pitié du cœur des hommes… ». Ayons pitié de Golaud ! Pelléas et Mélisande ne sont ici que les révélateurs de sa douloureuse blessure humaine. Mais est-ce un indice et ne sommes nous pas ici à l’essence de l’œuvre ? »
Pour le retour d’un Pelléas qui a beaucoup voyagé depuis 2004 (il a été donné à Damas – c’était la première de l’ouvrage en Syrie -, à Ankara, Istanbul et, plus près de nous, à Vichy et à Rouen), le metteur en scène demeure fidèle à ses choix initiaux : « raconter une histoire, aller derrière les mots de Maeterlinck et se raconter notre histoire à nous ». Mais la production a déjà connu plusieurs distributions et Vincent Vittoz sait le parti que l’on peut tirer de la collaboration avec une nouvelle équipe, avec de nouveaux chanteurs qui « ne serait-ce que par leur présence et le rapport qu’ils ont au texte, proposent d’autres images, d’autres idées. »
Avec Catherine Dune (Mélisande) (photo), Jean Fischer (Pelléas), François le Roux (Golaud), Philippe Kahn (Arkel), Marie-Thérèse Keller (Geneviève), Simon Bièche (Yniold), Thill Mantero (le berger/médecin) et Philippe Cassard au piano, la reprise de Pelléas (pour quatre représentations) augure d’un beau moment d’émotion et marque le premier temps fort de la belle saison musicale du Musée d’Orsay.
Alain Cochard
Pelléas et Mélisande, Auditorium du Musée d’Orsay, les 7, 9, 11 et 14 novembre à 20 h. Programme détaillé
Photo : DR
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