Belle idée : rapprocher Falla et Ravel. Les deux musiciens s’estimaient, se fréquentèrent à Paris au début du siècle alors que Ravel était en amitié avec Viñes, entouré de la joyeuse bande des apaches. C’est par-dessus l’épaule de Ravel orchestrant sa Rapsodie espagnole que Falla composa son propre orchestre ibère. Jankélévitch voyait même dans les Noches le prolongement de la Rapsodie, mais son orchestre, sinon son piano, ne regarderait-il pas plutôt du côté de Debussy ?
 

Jacques Mercier © Michel Crosera

Jacques Mercier et Philippe  Bianconi ont tranché, qui suivent la piste indiquée par Jankélévitch et mettent en regard deux fois Ravel et Falla. Ouverture avec L’Amour Sorcier, écrit quasiment sous la dictée des gitans de Grenade, les amis d’un Falla qui s’était installé à deux pas de l’Alhambra, puis le Concerto en sol de Ravel, cet entre Jazz et Mozart où très peu d’Espagne paraît, les Noches où le piano profond de Bianconi devra se faire guitare, et pour finir ce pari génial que fut le Boléro. Si on est certain que Jacques Mercier saura faire jouer les parentés de style entre les orchestres de Falla et de Ravel, il ne nous en voudra pas d’attendre plus encore Bianconi dans ce doublé que son art appelait.

Jean-Charles Hoffelé

Orchestre national de Lorraine, dir. Jacques Mercier, Philippe Bianconi (piano)
Œuvres de Falla et Ravel
11 septembre 2015 – 20h
Metz – Arsenal
http://www.concertclassic.com/concert/le-bolero-larsenal

Photo Philippe Bianconi © Bernard Martinez