On sait le long chemin que Pierre Hantaï a parcouru dans l’œuvre de Bach depuis ses années d’étude chez Gustav Leonhardt, abreuvant son toucher solaire et son sens de la polyphonie à cette source inextinguible. Au point que certaines méchantes langues l’ont cru prisonnier d’un seul compositeur. Mais de fulgurants albums Scarlatti sont venu démentir ce verni univoque de rigueur hautaine. Soudain son clavecin se saturait de couleurs, implosait de rythmes, gardant le cap pourtant d’une logique interne lisible sonate après sonate. Une quadrature du cercle.

Voici que, se souvenant de leurs naissances la même année - 1685 - Pierre Hantaï rassemble Bach et Scarlatti dans un même programme, et leur adjoint Haendel, lui aussi de 1685, Haendel vers lequel tout son art regarde avec insistance depuis quelque temps. Cela finira-t-il par une intégrale des Suites ? On l’espère bien.

Pour l’heure vous pourrez en attendant ce concert à l’église des Billettes faire votre miel avec le tour à tour flamboyant et tendre album Rameau à deux clavecins qu’il vient de faire paraître chez Mirare (1), où il partage l’affiche avec Skip Sempé. Disque détonnant où se rencontrent les deux plus beaux clavecinistes de cette génération.

Jean-Charles Hoffelé

Pierre Hantaï, clavecin
Œuvre de Bach, Haendel, Scarlatti
18 janvier 2013 – 20h30
Paris – Eglise des Billettes

(1)Rameau : « Symphonies à deux clavecins », Pierre Hantaï, Skip Sempé (1 CD Mirare MIR 164).
Skip Sempé avec son Capriccio Stravagante vient de faire paraître un album consacré aux musiques de danse de Michael Praetorius et de William Brade, revisitant ce répertoire avec brio (1 CD Paradizo PA0011).

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Photo : Philippe Matsas