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The Pilgrim’s Progress de Ralph Vaughan Williams à Londres - Comme un rituel - Compte-rendu
L’esprit tout entier voué à la musique Ralph Vaughan Williams (1872-1958) le poussa à expérimenter cet art sous toutes ses formes, y compris l'opéra, genre auquel il consacra six partitions. Les fondateurs de l'opéra anglais, - Purcell, Balfe et Wallace - n'avaient pas eu de descendance continue. Il n'y avait pas de Théâtre National d'Opéra anglais, le Covent Garden de l'époque ne produisait que des œuvres étrangères reconnues, chantées par les gloires du chant mondial. Vaughan Williams fit donc entendre ses ouvrages lyriques au Royal College of Music.
Le premier de ceux-ci, Hugh the Drover (1924) est une sorte de Fiancée vendue britannique. Le second, Sir John in Love (1929), tente de rivaliser audacieusement avec Verdi, mais son librettiste n'était pas un Boito… Riders to the Sea (1937) met en musique mot à mot la tragédie de J.M. Synge et constitue sans doute le chef-d’œuvre lyrique du musicien. Mais de tous ses opéras, The Pilgrim's Progress (1951) – illustration musicale de l'allégorie religieuse de John Bunyan - était le plus cher à son cœur ; une sorte de Parsifal à l'anglaise qui l’occupa plus de quatre décennies durant.
Teintée de religiosité l’œuvre se compose d'un prologue, quatre actes et un épilogue et n'offre pas les attraits conventionnels de l'opéra. Les critiques s'empressèrent de dire que c'était un oratorio dramatique plus fait pour la cathédrale que pour le théâtre, ce que le compositeur réfutait, affirmant que son œuvre avait été pensée pour la scène. Vaughan Williams déclara : "Ils n'aiment pas mon opéra, ils ne l'aimeront jamais, mais c'est le genre d'œuvre que je veux écrire. Il faut le jouer comme un rituel".
Covent Garden accepta sans enthousiasme de monter la première en 1951 pour le Festival de Grande Bretagne, production convenable bien que chichement mise en scène qui obtint un succès d'estime. La production de l'Opéra de l'Université de Cambridge en 1954 plut davantage au compositeur, mais ensuite la carrière de l’ouvrage marqua le pas.
L’English National Opera a confié la mise en scène de The Pilgrim’s Progress à Yoshi Oida ; une excellente idée compte tenu de l’importance de la dimension rituelle dans cette partition. L’inspiration de l’artiste japonais mêle de façon originale les traditions du théâtre Nô et les méthodes de la scène occidentale et orientale - avec projections video -, trouvant une façon idéale de présenter l'œuvre.
Du gris initial au reflets argentés de la Cité Céleste, en passant par la débauche de couleurs de Vanity Fair, lieu de l’argent roi et de tous les vices, les costumes imaginés par Sue Willmington répondent à la couleur de chaque épisode du Pilgrim’s Progress.
Le jeune baryton Roland Wood, qui a triomphé il y a peu dans Simon Boccanegra s'est totalement investi dans le rôle de Pilgrim. Un autre jeune baryton, Benedict Nelson, chantait l’Evangéliste (l'autre rôle de premier plan) avec conviction et solennité. Les trente autres rôles étaient répartis entre les membres de l'English National Opera - doubles rôles dans certains cas - ; parmi eux on trouvait les très connus et appréciés Ann Murray, Timothy Robinson et Mark Richardson. Martyn Brabbins a dirigé avec passion un ouvrage pareil à une lente fresque musicale. The Pilgrim's Progress peut ne pas plaire à tout le monde, mais pour ses admirateurs, c’était le paradis – où les vœux du compositeur étaient enfin exaucés.
Charles Pitt
Vaughan Williams : The Pilgrim's Progress – Londres, English National Opera, 22 novembre 2012.
Site de l’English National Opera : http://www.eno.org
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Photo : Mike Hoban
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