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Portrait d’Eric Tanguy au 6e Festival de Pâques d’Aix – Plénitude lyrique – Compte-rendu
De 2011, la Sonate pour deux violons ouvre le concert : Rosanne Philippens et Alina Pogostkina dominent supérieurement le flux impétueux des deux mouvements vifs autant qu’elles savent raffiner le coloris dans le morceau central. À compositeur d’aujourd’hui épris de lyrisme, voisinage lyrique : Eric Tanguy a souhaité voir figurer dans le programme l’Adagio D.897 « Notturno » de Schubert et, plus loin, le Quatuor avec piano de Gustav Mahler. Dans le premier, Rosanne Philippens, Claudio Bohórquez et Suzana Bartal se distinguent par une approche aussi intense et contrastée que cohérente et fluide, appuyée sur le jeu bien timbré de la jeune Roumaine. Cette dernière ne fait pas moins merveille, au côté d’Alina Pogostkina, dans In a Dream, pièce créée en 2014 (année où le compositeur obtint le Grand Prix Lycéen des Compositeurs), dont les interprètes valorisent avec sensualité et souplesse le parfum de blues.
Changement d’atmosphère dans « Spirales » (2016), pour violoncelle et piano. L’ouvrage ne laisse guère le temps à l’archet de reprendre son souffle ; mais le défi n’est pas pour troubler Bohórquez qui, en parfaite entente avec S. Barta, enlève l’affaire avec une étourdissante maestria. La pianiste et le violoncelliste sont rejoints par A.Pogostskina et Lise Berthaud pour un Quatuor de Mahler dont la plénitude lyrique et l’engagement préludent on ne peut mieux à la création de Rhapsodie, pour alto et piano, commande du 6e Festival de Pâques à E. Tanguy. Lise Berthaud et Suzana Barta signent la création mondiale d’une partition dont les lumières changeantes et la liberté de ton sont pleinement vécues par un archet à la sonorité profonde faisant totalement corps avec le mélange d’onirisme et de feu d’une composition dont les dernières mesures se réfugient dans le mystère.
La conclusion revient au Trio pour violon et violoncelle et piano, ouvrage d’un seule tenant écrit par E. Tanguy en 2010. Rosanne Philippens, Claudio Bohórquez et Suzana Bartal se régalent de l’extrême volubilité des sections rapides comme des couleurs de la partie centrale. Au lyrisme, E.Tanguy ajoute un sens prononcé du timbre que ce concert-portrait – d’une longueur et d’un équilibre idéaux – aura continûment mis en valeur.
Alain Cochard
Photo Eric Tanguy © Vahan
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