L’avalanche continue : après tant de nouvelles propositions, le Rake’s Progress ne veut décidément pas quitter les planches. Si l’on sourit volontiers devant le néo-baroquisme facile de l’écriture, c’est pour mieux pleurer devant cette implacable plongée au noir, pour mieux détourner les yeux des scènes finales à Bedlam. Mort, consumation et désolation, voila ce que dit l’opéra, ou plutôt son livret, car il faudra bien rendre un jour le Rake’s Progress à son véritable auteur. Stravinski ? Non : Wystan Hugues Auden.

Ce livret, c’est de l’or, n’importe qui y aurait coulé une musique au moins aussi pratique que celle d’un compositeur qui jadis écrivit le Sacre du Printemps. C’est cette fois-ci David Lescot qui proposera sa vision à l’Opéra de Lille, théâtre idéalement taillé pour une œuvre intime malgré ses quelques scènes brillantes – on pense à la vente aux enchères, inratable, et où Stravinski s’est vraiment amusé. Arie van Beek devrait tirer le meilleur parti possible de l’Orchestre de Picardie. Distribution à découvrir (Shrader en Tom, la très séduisante Christiane Karg en Anne, Anne Mason pour Baba), avec en tous cas une surprise annoncée, le Nick Shadow du subtil Christopher Purves (photo) !

Jean-Charles Hoffelé

Stravinski : The Rake’s Progress

Opéra de Lille

Les 8, 11, 13, 16 et 19 octobre 2011

www.opera-lille.fr

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Photo : Clive Barda