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Raphaël Sévère et Adam Laloum au Festival du Vigan - Les joies de la complicité - Compte-rendu
Finale tout en fraîcheur et en jeunesse avec le duo Raphael Sévère (photo)-Adam Laloum pour le Festival du Vigan qui fêtait ses quarante ans. Un long travail porté d’abord par une gestion quasi artisanale, puis de plus en plus intégré à cette région des Cévennes où un public fidèle a appris à affronter tous les tournants des sommets qui avoisinent Le Vigan, pour découvrir Aumessas, Valleraugue, Saint Martial ou Bréau, tandis que la ville du Chevalier d’Assas répartit ses concerts entre Temple, Eglise et Auditorium. Christian Debrus était un jeune pianiste parisien d’une vingtaine d’années quand il en eut l’idée, laquelle n’a fait que croître et embellir. Ainsi a-t-il pu convier comme vedette pour fêter cet anniversaire le brillant et subtil pianiste Miroslav Kultyshev, qu’il fut le premier à inviter en France après ses divers prix à Moscou et Monaco, notamment.
Adam Laloum © mirare.fr
En point final donc d’une édition aux riches contrastes, l’envol agreste de la clarinette, ses sonorités fruitées, et la nécessité d’un répertoire à redécouvrir car le duo-piano clarinette n’est pas le plus fréquent. Raphaël Sévère, petit prodige apparu aux mélomanes comme Révélation soliste instrumental aux Victoires de la musique 2010 - il avait quinze ans - s’envole désormais vers une carrière internationale très étoffée, grâce à une légèreté, une grâce qui épousent idéalement l’âme de son instrument. Et son amitié avec Adam Laloum, l’un des jeunes pianistes les plus demandés de sa génération pour son élégance et sa fine musicalité, leur permettent une alliance aussi savoureuse qu’originale. De grands noms, donc, pour donner sa substance à ce concert : 4 Pièces de Berg, ténues et suspendues, comme si le duo testait ses possibilités dans la rigueur du minimalisme, puis la pièce maîtresse de la soirée, la 2e Sonate de Brahms, écrite pour le plus grand instrumentiste de son temps, Richard Mülhfeld. Une preuve de la joyeuse liberté des interprètes qui ayant décidé initialement de jouer la rare Sonate de Borodine pour violoncelle et piano, transcrite pour clarinette, ont décidé qu’ils l’aimaient moins et l’ont remplacée par Brahms !
La première Rhapsodie de Debussy fut ensuite un grand moment, une recherche précieuse de sons irisés, de silences cueillis comme des bouffées parfumées. Le public suspendait son souffle, avant que le dynamisme de Poulenc ne répande sa vitalité avec sa Sonate pour clarinette et piano, qu’il n’entendit jamais, car il mourut peu après l’avoir écrite. Les rythmes saccadés si typiques du compositeur, ses couleurs pétillantes mais jamais trop acides, sa mélancolie vite maîtrisée furent l’occasion d’un duo éblouissant, à la parfaite complicité de chaque instant, sans doute comme celle de l’illustre paire qui la créa, Benny Goodman et Leonard Bernstein, en avril 1963, à Carnegie Hall.
Jacqueline Thuilleux
Le Vigan, Auditorium, le 22 août 2015
Photo Raphaël Sévère © Matt Dine
NB : Signalons qu’Adam Laloum est directeur artistique du festival de Lagrasse dont la première édition se tiendra du 2 au 12 septembre 2015 : www.festival-lagrasse.fr
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