Né en 1994, Raphaël Sévère n’aura pas perdu de temps pour trouver sa voie et affirmer un talent désormais largement reconnu. Le choix de la clarinette ? Il suit là l’exemple de son père, professeur au Conservatoire de Nantes. C’est d’ailleurs avec lui, dans cet établissement, qu’il commence l’étude de l’instrument, à 8 ans - « je lui dois la plupart des choses, il a posé les bases de mon développement ultérieur. ». Les occasions de se faire remarquer ne tardent pas à se présenter pour le petit prodige. A 11 ans il donne son premier concert en soliste en Chine. Programme ? Le Concerto KV 622 de Mozart, excusez du peu, avec l’Orchestre de l’Opéra de Pékin. L’année suivante, le Concours de Tokyo le couronne de son Premier Prix et de quatre prix spéciaux dans la catégorie des moins de 20 ans.
 
En 2008, à 14 ans, R. Sévère fait son entrée au CNSMD de Paris dans la classe de Michel Arrignon qui, des années plus tôt, avait été le professeur… de son père. On ne pouvait imaginer plus parfaite continuité dans le cursus d’un étudiant qui profite désormais de l’expérience d’un pédagogue dont l’empreinte sur des générations de clarinettistes est connue. « C’est ce que tu as dire qui m’intéresse » : « Michel Arrignon s’attachait à la qualité de l’expression, il nous a fait travailler différents timbres, différentes couleurs de son. » Une expérience enrichissante mais relativement brève puisque l’heure de la retraite sonne pour le pédagogue en 2009. R. Sévère, dont les Victoires de la Musique font leur Révélation soliste instrumental cette année là - et qui n’a pas oublié de dérocher son bac ! - poursuit sa formation avec un autre éminent représentant de l’école française, Philippe Berrod, clarinette solo de l’Orchestre de Paris et successeur de M. Arrignon au CNSMDP.
 
« Un enseignement très différent, Philippe Berrod est plus prompt à montrer l’exemple, il cherche beaucoup et aime entraîner ses élèves dans des directions différentes, se souvient son ancien élève. » Fort des apports parfaitement complémentaires de ses deux professeurs, R. Sévère quitte le Conservatoire en 2013. Une année doublement marquante pour le musicien. A peine sorti du CNSMDP, son diplôme de master en poche, il remporte en novembre les Young Concerts Artists International Auditions de New York. 1^er Prix et huit prix spéciaux : un véritable sésame pour les Etats-Unis !
 
R. Sévère considère comme révolue désormais la période des concours internationaux. Déjà largement reconnu par le public, la presse et, surtout, par ses pairs, il sait qu’il a désormais mieux à faire. Et d’abord partager la musique avec de nombreux partenaires, à commencer par Adam Laloum, qui comme lui fait partie de l’agence Musicaglotz. Ce point commun a favorisé un premier concert au Festival de Menton à l’occasion duquel les deux jeunes artistes se sont découverts de solides affinités musicales et humaines. Depuis ils se produisent de façon régulière ensemble.
 
Contacté par le label Mirare pour la réalisation d’un disque, le clarinettiste songe à Brahms et, tout naturellement, à Adam Laloum dont les dispositions pour le répertoire germanique sont connues. Aux deux Sonates op. 120 viendra se greffer le Trio op. 114 avec la complicité d’un ami commun et merveilleux violoncelliste, Victor Julien-Laferrière, pour former un programme d’une cohérence parfaite qui a légitimement emporté l’adhésion des commentateurs. On retrouve d’ailleurs bientôt ce merveilleux trio de solistes en concert le 8 février (à Saint-Léger La Pallu) dans Borodine et Brahms
 
Directeur artistique du Festival de Pâques de Deauville, Yves Petit de Voize y programme depuis quelque années déjà Adam Laloum et Victor Julien-Laferrière. Raphaël Sévère y sera présent dès avril prochain. « Yves fait partie des gens qui font vraiment confiance aux jeunes, c’est une chose rare chez les organisateurs de concerts. Cette confiance, René Martin l’a manifestée également en me programmant à 13 ans dans un concerto de Weber ; c’était un pari assez fou ! »
 
Raphaël Sévère est à nouveau à l’affiche de la Folle Journée cette année en compagnie du Quatuor Prazak. Bâtie autour du thème assez passe-partout des « Passions de l’âme et du cœur», la Folle Journée 2015 n’a sans doute pas l'attractivité de certaines des éditions précédentes mais, sa programmation n’en comporte pas moins quelques pépites, tel ce concert du clarinettiste aux côtés de l’illustre Quatuor Prazak dans des ouvrages de Mozart et Hindemith. R. Sévère n’est d’ailleurs pas peu fier d’annoncer la réalisation très prochaine avec les instrumentistes tchèques d’un CD regroupant le Quintette de Brahms et celui, méconnu, de Paul Hindemith. Privilège que de pouvoir partager l’affiche aux côtés de tels aînés… « L’an dernier, René Martin m’a fait un cadeau incroyable en me programmant aux côtés de Martha Argerich et Gidon Kremer à la Folle Journée de Tokyo, rappelle un jeune musicien encore enivré par le bonheur de cette expérience. C’était dingue… »
 
Rendez-vous avec Raphaël Sévère à Nantes le 29 janvier, puis au Festival Musicora le 6 février. Entre temps il aura fait une apparition sur le plateau des Victoires de la Musique en direct de Lille, le 2 février, avec l’Onl et Jean-Claude Casadesus.
 
Alain Cochard
(entretien avec Raphaël Sévère réalisé le 23 janvier 2015)
 
Raphaël Sévère en concert
Folle Journée de Nantes (avec la Quatuor Prazak)
Œuvres de Mozart et Hindemith
29 janvier – 11h
Nantes - La Cité http://www.follejournee.fr/fr/page/programme
 
Salon Musicora ( avec Adam Laloum)
Œuvres de Brahms et Boulez
6 février – 11h
http://www.musicora.com/fr/programme-showcases-classiques
 
Festival Arts et Vin (avec le Quatuor Prazak)
Œuvres de Brahms
6 février – 20h30
Bourg - http://www.bourgartsetvins.com/images/stories/telechargement/programme_saison_2012-2013.pdf
 
Avec Adam Laloum et Victor Julien-Laferrière
Œuvres de Borodine et Brahms
8 février – 16h
Saint-Léger La Pallu – Espace culturel du Prieuré
http://cdussutour.wix.com/saisonduprieure#!concerts/cnnz
 
Site de Raphaël Sévère : http://www.raphael-severe.com
 
Photo © Bertrand Béchard