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Récital de mélodies mexicaines au Grand Palais - Pages et compositeurs à découvrir - Compte-rendu

Dans le cadre de son exposition « Mexique 1900-1950 » (1), le Grand Palais présente un concert attachant qui réunit des pages peu connues de compositeurs qui le sont à peine mieux. L’occasion – unique ? – de découvrir Manuel María Ponce (1882-1948), Eduardo Hernández Moncada (1899-1998), José Rolón (1876-1945), Silvestre Revueltas (1899-1940) et Rodolfo Halffter (1900-1987). Même si ces deux derniers ont mieux bénéficié d’une renommée qui dépasse les frontières de leur Mexique.
 
C’est un florilège de mélodies accompagnées au piano qui les représente dans l’Auditorium du Grand Palais, correspondant à la période de la première moitié du XXe siècle à l’instar de l’exposition. Versant musical des œuvres plastiques, par d’autres grands artistes mexicains qui ont marqué leur époque. Car l’intérêt ne faiblit pas au cours de pièces d’une belle conception inspirée. Mais attention, amateur de pittoresque local ou de Mariachi s’abstenir ! Ce serait plutôt dans la tradition du lied et de la mélodie, lorgnant du côté de l’Europe, y compris l’Espagne, que s’inscrivent ces œuvres.
 
Les six Poemas arcaicos (Poèmes archaïques) de Ponce évoqueraient Ravel, au mieux de sa veine hispanisante. Alors que les Sonnets de Hernández Moncada feraient penser à son contemporain de l’autre côté de l’Atlantique, le compositeur espagnol Xavier Monsalvatge. Rolón, dans ses Dibujos sobre un puerto (Dessins d’un port), paraît se souvenir de Fauré. Revueltas, compositeur connu pour des pièces caractéristiques enlevées (dont des musiques de film), se révèle le plus descriptif et harmoniquement le plus audacieux dans ses cinq Canciones de niños (Chansons enfantines). Quant à Rodolfo Halffter, frère d’Ernesto, le disciple de Falla, et oncle du compositeur actuel Cristóbal Halffter, qui avait quitté son Espagne natale pour rejoindre le Mexique lors de la guerre civile espagnole, on y sent une empreinte ibérique marquée, qui pourrait justement rappeler Falla, jusque dans des mélismes façon cante jondo pour ses deux Sonnets op. 15 et ses Canciones sobre marinero en tierra op. 27 (Chansons du Marin à terre, sur des poèmes de Rafael Alberti). Et autant de pages de la meilleure facture, souvent complexes, dont on comprend mal qu’elles soient délaissées par les programmateurs (peu imaginatifs) de récitals et leurs interprètes favoris.
 
La soprano Lourdes Ambríz (photo), par ailleurs depuis un an directrice artistique de l’Opéra de Mexico (Palacio de Bellas Artes), les distille avec une délicate saveur expressive, un phrasé joliment maintenu, affecté toutefois d’un vibrato par trop insistant lors des notes tenues. Alberto Cruzprieto, pianiste d’excellence, l’accompagne d’un doigté ardemment maîtrisé et d’une expression tout aussi en verve. Un moment rare.
 
Pierre-René Serna
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(1) Exposition dans les Galeries nationales du Grand Palais, à Paris, jusqu’au 23 janvier 2017.
 
Récital « Images mexicaines » - Auditorium du Grand Palais, Paris, 14 décembre 2016.

Photo Lourdes Ambríz © DR
 

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