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Rencontres Musicales d’Evian – Pari tenu - Compte-rendu
Terre promise pour les musiciens, le Festival d’Evian s’était forgé, à l’époque de Rostropovitch, une réputation internationale que le fameux Concours de Quatuors à cordes (désormais bordelais) avait contribué à asseoir. Dans l’auditorium de La Grange au Lac, lieu à l’acoustique exceptionnelle construit en 1993 à l’intention du légendaire violoncelliste, se déroulent désormais les nouvelles Rencontres Musicales d’Evian. Le Quatuor Modigliani en assure la direction artistique et a décidé cette année, durant une semaine, de mettre l’accent en dix-neuf concerts sur l’œuvre de Schubert, afin de renouer avec le prestige des années passées.
Fine équipe pour L'Octuor de Mendelssohn ! © Matthieu Joffre
Autour des Modigliani, des solistes de renom (Renaud Capuçon, Nicholas Angelich, Gérard Caussé, Daniel Müller-Schott…) font feu de tout bois durant le concert consacré à des pages de jeunesse du divin Franz (avec la Sonatine en sol mineur pour violon et piano et le Quintette « La Truite ») ainsi qu’à l’Octuor de Mendelssohn - composé à l’âge de seize ans. Renaud Capuçon et Nicholas Angelich imposent d’entrée de jeu un climat profond à la Sonatine, loin de son caractère mozartien et léger. Dans « La Truite », l’enthousiasme, le charme, prévalent tout au long d’un dialogue chambriste de haute volée, auquel le contrebassiste Alois Posch (premier pupitre de la Philharmonie de Vienne durant vingt-cinq ans) apporte une contribution remarquée. L’Octuor de Mendelssohn bénéficie d’une exécution gorgée
d’élan juvénile (Allegro moderato), de souplesse féérique (Scherzo), confirmant l’excellence et la précision des cordes – quelle fugue endiablée dans le Presto final !
Le ténor Christoph Prégardien, accompagné par le fidèle Michael Gees, aborde le Voyage d’Hiver avec une économie de moyens saisissante, projetant son art quintessencié de diseur dans cet univers intérieur où s’expriment tous les états d’âme, de la confidence à l’espoir, de la plainte au murmure indicible (fabuleux Leiermann). Une leçon de chant sur le ton de la confidence qui laisse le public sous le choc.
Nicholas Angelich donne une vision tempétueuse de la Sonate n° 19 en ut mineur qui trouve ses marques progressivement, depuis la puissance massive du début jusqu’à l'urgence de l’Allegro conclusif. On est enfin conquis par l’émotion contenue qui parcourt un Quintette pour piano en fa mineur de Brahms où le geste ample et la riche sonorité du pianiste font idéalement corps avec le jeu de ses partenaires.
Des moments de musique pure à déguster sans modération dans une chaleur communicative. Pari tenu pour cette première édition des nouvelles Rencontres Musicales d’Evian.
Michel Le Naour
Evian-les-Bains, Grange au Lac, 12 et 13 juillet 2014
Photo ( Le Quatuor Modigliani et Nicholas Angelich ) © Matthieu Joffres
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