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Ring Saga - Petit mais costaud
Le Ring élagué de ses scènes « secondaires » et ramené à une durée globale de neuf heures, l’immense orchestre wagnérien réduit à un ensemble de dix-huit instruments (dont seulement deux violons) : voilà de quoi faire hurler certains puristes mais, pour qui admet les choix effectués par Jonathan Dove et Graham Vick pour un spectacle monté à Birmingham dans les années 90, Ring Saga mis en scène par Antoine Gindt et dirigé par Peter Rundel à la tête des excellents musiciens du Remix Ensemble Casa da Musica est une excellente surprise et une franche réussite. Après Porto et Strasbourg, la production vient de faire halte à la Cité de la musique et on la retrouvera dans les semaines qui viennent à Saint-Quentin-en-Yvelines (14-16/10), Nîmes (4-6/11), Caen (18-10/11), Luxembourg (2-4/12) et Reims (9-11/12).
Gageons que ce n’est que le début du succès pour un spectacle dont la modestie aussi intelligente qu’efficace et l’homogénéité de l’équipe vocale forcent l’admiration. On s’en veut de n’avoir eu que le temps de savourer La Walkyrie lors du cycle parisien, mais c’est bien assez toutefois pour vous inciter à courir découvrir un Ring miniature qui fait figure de bouffée d’air pur à côté de mises en scène wagnériennes prétentieuses et encombrées de gadgets ridicules. Exit les fusils mitrailleurs et les caisses de munitions ; la passoire et les spaghetti ! Dans la scénographie très dépouillé d’Elise Capdnenat (lumière Daniel Levy, création numérique Tomeck Jarolim), le travail finement réglé d’Antoine Gindt apporte une étonnante lisibilité au drame. La Walkyrie possède la clarté d’un conte et émerveille de bout en bout avec des voix surprenantes et en rien « miniatures » elles : la Brünnhilde de Cécile De Boever qui, haute comme trois pommes, darde ses aigus avec une aisance incroyable, la touchante Sieglinde de Jihye Son, l’intimidant Hunding de Martin Blasius, le Wotan formidablement humain d’Ivan Ludlow, le Siegmund poétique de Marc Haffner, la Fricka pleine de – sacré ! - caractère de Nora Petrocenko. Franchement bluffant !
Les formats de poche sont en vogue actuellement dans le domaine lyrique. Pas plus toutefois que la merveilleuse Heure espagnole de Ravel (adaptée pour petit ensemble de chambre par Jean-Frédéric Neuburger) créée il y a peu à Saint-Jean-de-Luz Ring Saga ne fait figure d’opéra « du pauvre ». Bien au contraire, par l’engagement de tous ses protagonistes, la sincérité de son propos, le public nouveau qu’il est susceptible de drainer, il se révèle fidèle au dessein wagnérien. Si quelqu'un se retourne dans sa tombe, c’est Cosima – la belle affaire –, pas Richard !
Alain Cochard
Ring Saga
Tournée jusqu’au 11 décembre 2011
Théâtre Saint-Quentin-en-Yvelines (14-16/10)
Théâtre de Nîmes (4-6/11)
Théâtre de Caen (18-10/11)
Grand Théâtre du Luxembourg (2-4/12)
Opéra de Reims (9-11/12).
Infos et calendrier détaillé : http:/ringsaga.com
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Photo : Philippe Stirnweiss
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