C’est probablement le plus athlétique des pianistes de sa génération, et qui n’a pas peur des défis. On l’a vu au Festival Messiaen remplacer à lui seul un concert d’orchestre rendu impossible par un gros temps soudain, et offrir au public réfugié dans l’église de La Meije rien moins que l’intégrale des Vingt Regards sur l’Enfant-Jésus ! A Lyon, salle Molière (dans le cadre de la remarquable saison de piano proposée par Jérôme Chabannes), le miracle sera plus modeste mais tout aussi périlleux : Roger Muraro y confronte son art à la transcription visionnaire que Liszt tira de la Symphonie Fantastique de Berlioz : Marche et Sabbat demandent quarante doigts, ce qui n’est guère pour effrayer notre pianiste, mais on sera probablement encore plus surpris par cette Scène aux champs poétique en diable, où l’air est comme raréfié avant l’orage. L’artiste a enregistré pour Decca une version magistrale de cette œuvre impossible, disque avec lequel on prolongera ce concert.

Pour faire bonne mesure, Muraro commence d’ailleurs la soirée par Liszt, avec deux pages contrastées de la Première Année de Pèlerinage, La Chapelle de Guillaume Tell et Au bord d’une source, puis s’attarde chez Schumann, un compositeur qu’on lui connaît peu, pour des Scènes de la forêt entre nature et énigme.

Comme un plaisir ne vient jamais seul, procurez-vous son dernier album qui vient tout juste de paraître : un fuligineux Concerto en sol de Ravel(1), avec aussi La Valse, s’y paysagent de quelques pages de Fauré (1er et 4e Nocturnes) Gershwin et Stravinski.

Jean-Charles Hoffelé

Avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France et Myung-Whun Chung / 1CD DG 476 4669

Récital de Roger Muraro
Œuvre de Berlioz/Liszt, Liszt, Schumann
14 décembre 2011 - 20h 30
Lyon - Salle Molière
www.pianoalyon.com

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Photo : vcatala