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Santtu-Matias Rouvali, Bertrand Chamayou et l’Orchestre Phiharmonique au Festival de Radio France Occitanie Montpellier – Mémorables rencontres – Compte-rendu
Taille moyenne, fine silhouette surmontée d’une « rattlelienne » tignasse bouclée, Rouvali se dirige d’un pas rapide vers l’estrade. Salut tout aussi rapide – accompagné d’un sympathique petit mouvement-révérence de la main droite – et le voilà déjà plongé dans les fameuses Chairman Dances de John Adams. Le tempo, assez retenu, peut surprendre mais se justifiera pleinement. Le geste, tout à la fois souple et impeccablement précis, laisse la musique s’épanouir avec une foison de détails et une étonnante présence des timbres.
Cet Adams augure du meilleur ; une mémorable rencontre nous attend dans le Concerto pour la main gauche de Ravel. La maîtrise, la projection du son, l’art du phrasé de Chamayou y font merveille, tandis que sa concentration, son énergie intérieure se conjuguent parfaitement à celles d’un chef qui tient l’ouvrage de bout en bout et en révèle les arrière-plans. La fusion avec le piano s’avère exemplaire dans une interprétation d’une rare cohérence organique. Longuement applaudi, Chamayou offre la Pavane pour une infante défunte en bis : la poésie à l’état pur ... – et une sacrée leçon de style et de simplicité ! La musique française réussit au pianiste, on en aura bientôt un nouvel exemple avec la sortie à la rentrée d’un magnifique disque Saint-Saëns aux côtés de l’Orchestre National et d’Emmanuel Krivine.
Mémorable rencontre aussi – ce n’est pas la première – que celle du chef finlandais avec un orchestre qui a les yeux de Chimène pour lui. Le Sacre du printemps donc : Rouvali n’est pas venu diriger l’œuvre-révolutionnaire-qui-fit-tellement-scandale-en-1913-au-théâtre-des-Champs-Elysées ; le spectaculaire, le technicolor, le « confort moderne » que moquait le grand Claude, ne l’intéressent guère. Il est d’abord question pour lui des « Tableaux de la Russie païenne » et d’une plongée dans les tréfonds de la partition de Stravinski pour en retrouver toute la sève et – terme qui n’est pas immédiatement associé au Sacre mais s’impose prioritairement ici – le mystère : à chaque instant, même dans plus intenses moments de déchaînement orchestral, l’interprétation peut être rattachée, réduite plutôt, à une pulsation fondamentale, cosmique ; elle s’ancre dans une terre, dans un imaginaire. Elle n’oublie jamais non plus qu’il s’agit bien d’un ballet et l’on est proprement subjugué par la souplesse et l’intelligence avec lesquelles Rouvali fait danser rythmes et couleurs, avec la complicité d’un orchestre à son meilleur et dont chaque pupitre s’implique totalement.
Triomphe plus que mérité et standing ovation d’un Opéra Berlioz plein à craquer. Santtu-Matias Rouvali : retenez ce nom !
Alain Cochard
Concert disponible sur www.francemusique.fr/emissions/le-concert-du-soir/le-sacre-du-printemps-en-direct-du-festival-radio-france-occitanie-montpellier-63415
Photo © Luc Jennepin
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