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Seong-Jin Cho à la Fondation Louis Vuitton – Chopin d’abord – Compte-rendu
Pour son premier récital à l'auditorium de la Fondation Louis Vuitton, le pianiste sud-coréen Seong-Jin Cho (23 ans, photo) a choisi de confronter l’univers de Beethoven et celui de Chopin. La perfection technique dont il fait preuve laisse pourtant un sentiment partagé dans sa manière très différenciée d’aborder sur le plan stylistique les deux compositeurs.
La Sonate « Pathétique » démarre avec violence, voire agressivité, et les contrastes accusés ne suffisent pas à justifier une interprétation certes très personnelle, mais qui manque d’organisation et de dimension organique. Il en va de même pour l’Opus 109 d’une énergie et d’une fougue plus maîtrisées, mais qui finit par lasser par l’accumulation des intentions.
Les quatre Ballades de Chopin en seconde partie apportent un autre éclairage : le soliste ajoute à une autorité de grand maître un style fait de pureté et d’équilibre. Le lyrisme et la fougue se conjuguent à un arsenal de couleurs que l’on n’avait pas perçu chez Beethoven. Le dessin mélodique s’enroule comme des arabesques et atteint dans la Quatrième Ballade une ampleur sans dureté. Seong-Jin Cho se montre dans son élément et l’on comprend que le jury du Concours de Varsovie 2015, qui lui a décerné son Premier Prix, ait pu être subjugué par l’aisance et la pureté vocale de son jeu.
La précision rythmique et le contrôle de la sonorité transparaissent aussi dans son approche de Debussy, en l’occurence le Golliwoggs’s Cakewalk du Children’s Corner donné en bis. A l’évidence, la naissance d’une véritable personnalité du clavier.
Michel Le Naour
Paris, Auditorium de la Fondation Louis Vuitton, 27 octobre 2017
Photo © Haral Hoffmann DG
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