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Sir Simon Rattle et l’Orchestre Philharmonique de Berlin à la Philharmonie– Immédiateté – Compte-rendu

Une intégrale des Symphonies de Beethoven par l’Orchestre Philharmonique de Berlin fait toujours l’événement et la venue de la formation à la Philharmonie n’a pas dérogé à la règle, attirant un public nombreux. La vision de Sir Simon Rattle (à la tête d’une formation allégée) recherche davantage le dynamisme conquérant et la spontanéité que les élans métaphysiques voire postromantiques. La projection du son, l’engagement comme la virtuosité des instrumentistes et l’homogénéité des pupitres demeurent, exerçant une véritable fascination par leurs qualités individuelles (la flûte d’Emmanuel Pahud, la clarinette d’Andreas Ottensamer, le violon de Daishin Kashimoto, la timbale de Wieland Welzel…). Pas d’emphase ni de surcharge dans l’exécution de ces œuvres, mais une lecture immédiate, plus extravertie que vécue de l’intérieur.
 
L'interprétation de la 8ème Symphonie nous laisse réservé en raison d'une accentuation un peu chaotique (Allegro vivace e con brio initial) et d'une absence d’humour (Tempo di Menuetto). La « Pastorale » convainc davantage bien que l’Eveil d’impressions joyeuses en arrivant à la campagne traîne en longueur. Superbe Orage à la progression impressionnante et final tendre et panthéiste à souhait.
 
Dans la Neuvième, la précision technique, le sens de la rhétorique, la clarté des transitions, l’équilibre d’ensemble projettent sans cesse la phrase. Pas de métaphysique dans cette lecture au cordeau (la netteté incisive de la timbale dans le Scherzo) qui se laisse peu attendrir dans l’Adagio molto e cantabile, un brin étale. Grande fresque finale desservie par un quatuor vocal inégal (dont se détachent la soprano Annette Dasch et la basse Dimitry Ivaschchenko) mais soulevée dans l’« Hymne à la joie » par le vibrant Rundfunkchor de Berlin et une phalange à l’intensité et à la tension palpables sous la direction d’un chef animé par un réel pouvoir de conviction. Un moment de ferveur partagé par le public qui savoure le plaisir de l’instant et réserve une standing ovation aux Berlinois et à leur chef.
 
Michel Le Naour
 
Paris, Philharmonie, 5 et 7 novembre 2015

Photo © DR

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