Prodigieux Rameau ! Non seulement il écrit son orchestre moderne, le bariole de couleurs et de rythmes, mais sait le rendre saisissant et virtuose jusque dans ses transcriptions pour clavecin. Les entrées des Indes Galantes sont un cas d’école. A l’orchestre les féeries fantaisistes des ballets s’y trouvent magnifiées, à un ou deux clavecins leurs récits dramatiques, leurs apartés caractéristiques s’y font plus lisibles sans rien abandonner de leurs chamarrures et de leur vitalité.

Mais pour rendre cet univers si ébouriffant où tout n’est que poésie – de théâtre comme d’évocation – il faut deux claviéristes de grande venue, des techniciens impeccables, mais aussi des artistes de caractère. Le mariage pour la bonne cause de Skip Sempé (photo) et de Pierre Hantaï, promet beaucoup. Au premier l’imagination jusqu’au fantasque, au second les perspectives et la logique des discours.

Entre eux deux l’émulation sera fulgurante, d’autant qu’ils joueront deux merveilles de la collection du Musée de la musique : le Goujon de 1749 et le Ruckers de 1646, des instruments ravalés au cours des années 1780. Harmonies et différences, couleurs et timbres qui se déploieront sans encombre dans l’Amphithéâtre de la Cité de la musique.

Jean-Charles Hoffelé

Skip Sempé, Pierre Hantaï, clavecins
(Rameau : Suite des Indes galantes)
Le 25 mars 2011
Paris - Cité de la musique (Amphithéâtre)
www.cite-musique.fr

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Photo : DR