Journal
So long Anna
Anna Moffo nous quittait le 9 mars dernier, dans sa 73éme année. Celle qui marqua à jamais de son empreinte gracieuse et de sa voix splendide la Luisa Miller de Verdi ou la Magda de la Rondine puccinienne pour ne prendre que ces deux emplois, dut lutter avec une plastique enchanteresse pour imposer son art de chanteuse. Elle avait à peu près le plus beau timbre du monde, et même si sa voix a cédé devant quelques paris trop audacieux, ce qu’elle nous aura laissé au disque demeure simplement stupéfiant.
VAI a eu la bonne idée d’éditer trois opéras filmés pour la RAI (nous reviendrons sur le troisième, Traviata, ultérieurement) alors que Moffo était dans toutes les splendeurs, au vocal comme au physique, de sa jeunesse. En noir et blanc, la Madama Butterfly imaginée en 1956 pour elle par Mario Lafranchi est un pur moment de grâce. Moffo sait tendre vers le soprano dramatique lorsque le rôle l’exige (tout le finale, où elle vous emporte littéralement dans sa résignation au seppuku), la preuve que sa voix dés ses premières années possédaient des ressources stupéfiantes. Comprimari sous le charme, avec un très bon Renato Cioni en Pinkerton, et la Suzuki grand teint de Miti Truccato Pace. Bien plus tardive (toujours Lafranchi à la caméra) et dans un quasi technicolor, la Lucia di Lammermoor de 1972 expose une encore rayonnante et un art belcantiste décidément troublant. Et tous sont évidemment sous le charme de la femme autant que de ceux de la chanteuse ou de l’actrice, à commencer par l’Edgardo atypique mais diablement réussi de Lajos Kozma.
Jean-Charles Hoffelé
Puccini : Madama Butterfly. VAI 4284
Donizetti : Lucia di Lammermoor. VAI 4211.
Photo : DR
Derniers articles
-
30 Novembre 2024Frédéric HUTMAN
-
30 Novembre 2024François LESUEUR
-
29 Novembre 2024Alain COCHARD