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Spectacle de l’Ecole de Danse de l’Opéra de Paris - Lumineuses promesses - Compte- rendu
En premier lieu un hommage à une formation jeune qui a amené tout un chacun à vérifier sur son programme ce qu’il arrivait à l’Orchestre de l’Opéra ou à l’Orchestre Lamoureux, qui le remplace souvent, car souvent, pour les ballets, la qualité de l’interprétation est moindre que pour les opéras : il s’agissait en fait de l’Orchestre des lauréats du Conservatoire, excellent, et magnifiquement pris en main par Marius Stieghorst, jeune chef allemand dont on apprécie souvent la vitalité autant que la finesse, deux qualités parfois contradictoires.
Jeunesse dans la fosse, donc, jeunesse encore plus sur le plateau, pour lequel Elisabeth Platel a composé un programme remarquable, délicatement gradué, et qui permettait d’aller du plus subtil au plus brillant, avec des variations de style passionnantes, mettant les jeunes gens de l’Ecole face aux plus intéressantes couleurs de l’arc en ciel chorégraphique sur un bon demi-siècle.
Il arrive que l’on soit moins séduit par les choix de ces spectacles, lesquels, même s’ils sont essentiels sur le plan de la technique et du style, peuvent paraître un rien vieillis et imposent un regard décalé autant qu’intéressé. Ici, que reprocher au Divertimento n°15 de Balanchine sur Mozart ? Sa merveilleuse musique, délicatement et vivement jouée par l’orchestre, sa composition raffinée, avec une succession de soli, pas de deux et ensemble, où précision et élégance doivent rimer impeccablement ? Tout, ici, était parfait, calibré, enlevé et joué, même s’il ne s’agit que de danse pure, descendante de la danse baroque et de sa légèreté, par des danseurs qui avaient la grâce, les filles particulièrement.
Bonne dose de vitamine C ensuite avec The vertiginous thrill of exactitude (photo), un Forsythe inoffensif, car lancé comme un délire juvénile, sur l’Allegro vivace de la Symphonie n°9 de Schubert : trois filles, deux garçons, des tutus-galettes pétillants, aux couleurs acidulées, de l’éclat, de la joie et un florilège de gambades et de prises de risques dont les interprètes n’ont pas l’air de souffrir, tant une perte d’équilibre en entraîne ici une autre sans qu’ils aient le temps de se poser la question. Une chorégraphie jeune, décidément, créée en 1996, et qui, ainsi maîtrisée, garde sa fraîcheur.
Enfin, un vrai pari, celui de montrer le 3e Acte de Raymonda, ballet fastueux revisité par Noureev d’après l’œuvre fameuse de Petipa, sur la musique de Glazounov, dont on redécouvre ici les charmes oubliés. Un pari, car il s’agit là de grand divertissement de cour, comme le dernier acte de La Belle au Bois Dormant, ou la Fête du Lac des Cygnes, et où les danseurs doivent affronter les extrêmes complications de la chorégraphie de Noureev, et s’imposer avec un éclat, une assurance qui ne souffrent pas la moindre hésitation. Tous ont dompté ces écueils avec un brio époustouflant, et une beauté que les délicieux costumes de Xavier Ronze mettaient parfaitement en valeur.
Milo Avêque et Margaux Gaudy-Talazac © Francette Levieux / Opéra national de Paris
On s’arrêtera cependant sur le choc de la soirée, l’arrivée d’une ballerine belle comme le jour, et dansant son rôle avec à la fois piquant et lyrisme, notamment dans le fameux solo dont Platel fut une des plus brillantes interprètes- ah le claquement des bracelets d’un bras sur l’autre ! -, Margaux Gaudy-Talazac, mêlant glamour et hauteur souriante, et déployant des bras fluides avec une maîtrise qui laisse augurer le meilleur pour la suite.
A ses côtés, deux brillants sujets, Milo Avêque en Jean de Brienne et Loup Marcault-Derouard en Abderam, le bel émir que campèrent avec tant de noire séduction les Hilaire et Belarbi, en leur temps. On était heureux de le revivre, et on se réjouit d’autant de voir bientôt défiler à leur suite, le 7 avril, sept des plus prestigieuses écoles de danse du moment, de celle du Ballet de Hambourg à l’incontournable Royal Danish Ballet school et à la plus prestigieuse d’entre toutes, l’Académie Vaganova de Saint Petersburg. Une réjouissante et instructive confrontation.
Jacqueline Thuilleux
Palais Garnier, le 1er avril 2017. Gala des Ecoles de danse, le 7 avril 2017, www.operadeparis.fr
Photo © Francette Levieux / Opéra national de Paris
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