Pour ouvrir sa saison 2016-2017, l’Orchestre National a choisi de revenir à ses fondamentaux avec un programme entièrement français, sous la direction de Stéphane Denève (photo) dont la relation privilégiée avec la phalange parisienne n’est plus à souligner.  

Dès les Escales de Jacques Ibert (1922), cette complicité se manifeste par une liberté et une fluidité qui font vibrer dans l’Auditorium de Radio France les sons et parfums de Rome, Palerme, Tunis, Nefta ou Valencia. Avec le Concerto pour piano n° 5 « L’Egyptien » de Saint-Saëns (1896), l’élégance prévaut sous les doigts virevoltants de Jean-Yves Thibaudet qui connaît la partition comme personne et sait en extraire la vocalité et le foisonnement virtuose. La mélancolie de la Valse D. 945 op. 18 de Schubert, en bis, constitue un hommage à son maître Aldo Ciccolini qui lui fit découvrir l’œuvre au Théâtre des Champs-Elysées quand il était étudiant au Conservatoire.
 
En seconde partie, Stéphanie D’Oustrac éclaire Shéhérazade de Ravel (1903) de toute sa pureté de style et son intelligence du texte. L’accompagnement empathique et délicat met particulièrement en valeur la somptuosité de la petite harmonie du National. Pour conclure, La Tragédie de Salomé de Florent Schmitt (1907), œuvre géniale admirée de Stravinski mais trop rarement jouée, permet à Stéphane Denève d’associer sensualité, clarté et puissance tellurique à soulever les montagnes. Du grand art !
 
Michel Le Naour

Paris, Auditorium de Radio France, 15 septembre 2016
 
Prochain concert de Stéphane Denève et de l’Orchestre National à l’Auditorium de Radio France (Milhaud, Connesson, Poulenc), jeudi 22 septembre 2016

Photo Stéphane Denève © Drew Farrel