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Stockholm - Compte-rendu : Hélène Grimaud dans un 4eme concerto venu du ciel
La Berwaldhallen de Stockholm constitue en Suède un véritable "temple" de la musique classique. Depuis le 30 novembre 1979, cette salle, chaleureuse et intimiste, abrite l’orchestre symphonique et le chœur de la radio suédoise. Son acoustique naturelle est plébiscitée par tous et convient à merveille aux enregistrements studio ou « live ». Tout récemment, Hilary Hahn est venue y enregistrer les concerti de Spohr et de Paganini qui figureront sur son prochain disque Deutsche Grammophon. Hélène Grimaud ( photo ci-dessus), soliste invitée pour deux concerts en cette fin avril, est également une habituée des lieux. La partie orchestrale et vocale de son retentissant Credo y a vu le jour en septembre 2003.
Le concert de ce samedi 22 avril 2006 fut l’occasion de découvrir un (autre) chef suédois de grand talent, David Björkman, remplaçant de dernière minute de Mikko Franck. Dans le "4e" de Beethoven, son approche d’ensemble permit d’apprécier pleinement la grande finesse d’expression de la phalange suédoise. Sa large palette de couleurs et ses choix de dynamique ont ainsi séduit. Trait d’union entre le classicisme et le romantisme, l’œuvre, sorte de reflet de la lutte prométhéenne de l’homme, charme inlassablement les auditoires par son caractère délié et lyrique, ses demi-teintes douces, mystérieuses et pénétrantes. Il revient entièrement au pianiste d’instaurer le climat de l’œuvre entière dans une fraction de temps relativement brève.
Dès ces premiers accords, Grimaud est à l’évidence dans un grand jour. Une entrée délicate, pleine de tendresse et de poésie qui annonce la couleur. Complice, l’orchestre reprend ce thème dans un même esprit avant de façonner un majestueux phrasé d’introduction. L’osmose entre le chef et la soliste s’instaure au fur et à mesure de manière fluide dans un rapport précis et équilibré. Des contrastes magnifiques nous plongent tantôt dans l’introspection ou l’exaltation. Lignes directrices chantantes, grande musicalité des cordes, enchaînements subtils pour aboutir au passage central dramatique en fa # mineur. Toujours cette formidable main gauche chez la française qui propose un legato pertinent et jamais figé.
La cadence de ce 1er mouvement, brut de par son engagement, est à la limite de l’improvisation rythmique avec une sensibilité à fleur de peau.
L’Andante con Moto, une des pages les plus géniales qui ait jamais été écrite, sera de la même veine : mystique et inspiré. Ses silences lourds de sens renforcent l’impression de noblesse et de profondeur insondable. La fin du mouvement avec le piano qui prend le dessus sur les cordes est déchirante de vérité. A noter un surprenant décalage dans le diminuendo entre les 1er et les 2e violons.
Tout autre climat dans le Rondo Vivace avec le piano et les musiciens suédois qui jouent au chat et à la souris en tout début de mouvement. Tantôt incisif et léger, le jeu plein de fraîcheur de la pianiste fait écho à l’accompagnement vif et brillant de l’orchestre pour conclure sur une note pleinement convaincante. Ce Beethoven là concilie tous les éléments qui font la beauté de l’œuvre et résonne comme si elle venait tout juste d’être composée.
Florence Michel
La Berwaldhallen de Stockholm le 22 avril 2006
Photo : DR
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