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Strasbourg - Compte-rendu - L’Africaine : Meyerbeer triomphe dans l’Est
Après Metz qui clôturait sa saison avec des Huguenots très applaudis, c’est au tour de l’Opéra National du Rhin d’honorer la mémoire du père du grand opéra à la française en présentant L’Africaine (dont la création posthume eut lieu le 28 avril 1865 à Paris, dans une réalisation de Fétis).
Le metteur en scène Jean-claude Auvray propose un dispositif qui permet de redécouvrir tout le charme des toiles peintes, très adaptées à cette production. Les changements s’opèrent à vue et permettent aux spectateurs d’être partie prenante dans le spectacle.
Les superbes éclairages de Philippe Grosperrin soulignent avec beaucoup de subtilité les différents tableaux et les costumes de Daniel Ogier ajoutent au plaisir de l’oeil.
Point d’Orient de pacotille, mais des personnages bien campés et un jeu d’acteur qui évite le ridicule des situations.
La distribution est dominée par la superbe Sélika de Sylvie Brunet : voix ample et généreuse, mais on regrette un manque de pianissimi qui par instants auraient été les bienvenus - il ne faudrait pas que cette superbe mezzo tombe dans les travers de la Cossoto. Justement applaudi le Nélusko de Peter Sidhom possède de remarquables moyens. Par la ductilité de son timbre, il n’est pas sans rappeler certains de nos grands barytons (Borthayre, Blanc, et autre Massard). Le chanteur est adroit et le comédien parfait dans ce personnage, amoureux de sa maîtresse.
Inès. Nicoletta Ardelean ne démérite pas au sein d’une distribution qui a su redonner vie à un répertoire jugé désuet par les intellectuels, et a prouvé que Meyerbeer a sa place sur les grandes scènes à condition qu’on veuille bien lui prêter une oreille attentive.
Je garderai pour la fin le ténor Bojidar Nikolov qui dans le rôle, ô combien difficile, de Vasco de Gama divisa le public. La voix est belle et généreuse mais - est-ce par souci d’avoir une diction impeccable ? - toujours est-il que tout le haut médium apparaît engorgé, ce qui donne des aigus à l’emporte-pièce, et met souvent la ligne de chant en péril. Quand comprendra-t-on que ce répertoire est encore tout empreint de bel canto, et que le chant di forza, n’a rien à y faire !
Ne boudons cependant pas notre plaisir. Il était temps de redonner vie à la musique de Meyerbeer, voilà qui est fait. Espérons que d’autres scènes sauront s’inspirer des exemples donnés par Strasbourg et Metz…
Bernard Niedda
Opéra National du Rhin, le 25 juin 2004. Autres représentations les 2 et 4 juillet à Mulhouse, La Filature.
Photo: Alain Kaiser
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