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Strasbourg - Compte-rendu : L’Or du Rhin selon David McVicar
L’Or du Rhin donné à Strasbourg marque le commencement de L’Anneau du Nibelung que l’Opéra national du Rhin propose, sur quatre saisons, dans la mise en scène par David Mc Vicar. Ce dernier situe l’action du prologue dans un univers intemporel où l’Eau, l’Air et le Feu sont présent tout au long des quatre tableaux. Un dispositif unique, composé de divers plans inclinés, permet à l’action de se dérouler sans temps mort, grâce à de subtils jeux de lumière. Quelques bonnes idées viennent émailler une mise en scène qui se veut traditionnelle et s’avère malgré tout efficace (les masques symbolisant la jeunesse des dieux, ôtés après le rapt de Freia).
La distribution, sans être exceptionnelle, ne démérite nullement. Jason Howard incarne Wotan, dieu plein de fougue qui prend ses résolutions sans en mesurer les conséquences. La voix somptueuse se pare de mille couleurs, et l’interprétation est des plus fouillées. Aura-t-il, malgré de grandes qualités, le poids et l’envergure nécessaire pour Walküre et Le Wanderer ? Oleg Bryjak (Alberich), après une première scène qui le prend à froid, impose avec une voix puissante un gnome plein de haine envers « ceux d’en haut ». Ses mises en garde à Nibelheim et sa malédiction révèlent un chanteur de grand talent.
Wolfgang Ablinger-Sperracke (Loge), annoncé souffrant, au timbre clair et malgré tout corsé, donne du dieu du feu une belle incarnation. Mime sans reproche de Colin Judson. Julian Tovey, Carsten Suess, respectivement Froh et Donner, viennent compléter avec les deux Géants de Clive Bayley et Günther Groissböck, une distribution masculine honorable.
Hanne Fischer possède un splendide timbre de mezzo et, loin des viragos habituelles, fait de Fricka une femme amoureuse, prête à tout pour garder l’infidèle époux.
Avec une voix angélique, Ann Peterson incarne une Freia égarée dans un monde de brutes.
Erda aux graves profonds d’Alexandra Kloose, Filles du Rhin aux voix parfois ingrates de Cécile de Boover, Susanne Reinhard et Sylvie Alhaparo.
On doit hélas regretter la direction d’une platitude affligeante de Günter Neuhold. L’ensemble manque de profondeur, tout est pris dans un tempo immuable et plus d’une fois les cuivres, pris en défaut, frisent la catastrophe. Est-ce dû à une mauvaise disposition de l’orchestre ? Attendons les autres journées pour pouvoir en juger.
Bernard Niedda
Strasbourg, le 18 février. Prochaines représentations les 24 et 27 février et le 1er mars.
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