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« Street Scenes » d’après Kurt Weill par l’Académie de l’Opéra de Paris – Grinçante vitalité – Compte-rendu
Nouveau spectacle de l’Académie de l’Opéra de Paris, Street Scenes s’empare de la MC93 de Bobigny. Créé à Broadway en 1947 et parmi les dernières réalisations lyriques de Kurt Weill, Street Scene (sur un livret de E. Rice et L. Hugues), entre comédie musicale et opéra, forme un contexte qui convient à l’entreprise dans son déploiement de chant voguant d’arias à de grands ensembles, mêlés de dialogues parlés (souvent sur fond d’orchestre) et un jeu d’acteurs incessant.
© Vincent Lappartient – Studio j’adore-ce-que-vous-faites
A partir de fragments de l’œuvre (d’où le « s » de son intitulé), le metteur en scène Ted Huffman conçoit un spectacle adapté à la grande salle de la MC93 comme au propos. Sans élément de décor, le dispositif est constitué d’une plateforme centrale autour de la fosse d’orchestre en contrebas, qui favorise une proximité et où s’ébrouent les chanteurs. L’animation est vive et constante, qui figure au mieux les déboires de ces prolétaires s’entrechoquant dans un même immeuble newyorkais. Une histoire caractéristique des temps et du lieu de ces États-Unis où Weill avait émigré, à travers son cadre social avec un couple appelé à mal finir et des amours contrariées ; une pièce forte et grinçante, bien dans l’esprit de ce compositeur hors normes.
© Vincent Lappartient – Studio j’adore-ce-que-vous-faites
On découvre une distribution pléthorique d’une vingtaine de chanteurs solistes venus de différents horizons géographiques, issus de l’Académie et quelques invités. Tous participent dans un entrain sans faille, sans détriment du chant et d’interventions parlées (en anglais), avec le renfort d’un peu de sonorisation. Notons particulièrement la mise en place vocale impeccable des nombreux ensembles, et ce malgré la vitalité scénique. Ils seraient presque tous à citer, mais relevons en raison de l’importance de leurs rôles et aussi de leurs qualités : le baryton Ihor Mostovoi (Frank Maurrant, le mari jaloux et meurtrier) pour son allant, le ténor Kevin Punnackal (Sam, l’amoureux transi) pour son joli legato, la soprano Teona Todua (Rose, la fille malheureuse du couple) pour son beau lyrisme, et la soprano Margarita Polonskaya (Anna Maurrant, l’épouse promise à une fin tragique) pour son magnifique épanchement vocal.
Yshani Perinpanayagam @yshani.co.uk
L’orchestre, constitué de musiciens de l’Académie et de l’Orchestre Ostinato, participe vaillamment, depuis des accents jazzy à des envols façon grand opéra, sans jamais couvrir les voix et en bel accord avec elles. Par sa direction claire et précise, Yshani Perinpanayagam, jeune cheffe britannique (de parents sri-lankais) à la belle carrière internationale, fait ici une significative entrée parisienne.
Pierre-René Serna
« Street Scenes », d’après Kurt Weill – Bobigny, MC93, 19 avril 2024 ; prochaines représentations 23, 25 et 27 avril 2024 // www.operadeparis.fr/saison-23-24/opera/street-scene
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Photo © Vincent Lappartient – Studio j’adore-ce-que-vous-faites
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