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Sunday in the Park with George au Châtelet - Dans l’atelier de Seurat - Compte-rendu
Le Châtelet était plein comme un œuf pour la première parisienne de Sunday in the Park with George qu’on pouvait voir dans une nouvelle production somptueuse signée Lee Blakeley. Pour l’occasion Stephen Sondheim et son librettiste, James Lapine, avaient fait le déplacement.
Le spectacle est superbe, avec l’omniprésence des tableaux de Seurat - qui s’animent dans l’atelier - le décor panoptique de l’île de la Grande Jatte, la glaciale muséification toc-chic du II et même lors du retour sur l’île du petit fils de Seurat, confronté aux horreurs des promoteurs comme à la médiocrité de son art, et où les temps de la pièce se télescopent. Si Sondheim se montre ici plus nostalgique que dans nombre de ses œuvres, il ne résiste pourtant pas à la tentation d’un grand numéro sarcastique – tout le premier tableau un peu interminable du Chromolume où le petit fils de Seurat présente sa nouvelle installation vidéo sur fond de musique synthétique - sur la vacuité de l’art contemporain et la stérilité bégayante des artistes. Cela suffit à gâcher la longue réflexion sur la singularité du regard porté par Seurat sur le monde, et partant son isolement affectif, sa fuite dans son tableau, qui donnent au premier acte ce ton si singulier guère vu dans les musicals produits pour Broadway au cours des années quatre-vingt.
L’œuvre était présentée dans une nouvelle orchestration suscitée par la grande jauge du Châtelet et l’ampleur de sa fosse. Voila le petit orchestre pensé souvent elliptique par Sondheim, qui le réduit d’ailleurs musicalement à un motif obsédant dont tout découle, engoncé dans un tissu symphonique dont il n sait pas vraiment que faire. On rendait les armes durant le final du I quasi pompier. Dommage, car en perdant l’écriture allusive de l’effectif original c’est une part importante de l’œuvre qui disparaît, son esprit surtout, d’autant que pour faire bon poids avec l’orchestre les chanteurs se retrouvent sonorisés comme des éléphants.
David Charles Abell a beau déployer son art, il ne peut que régler les décibels, mais du moins sa baguette donne-t-elle toujours le rythme exact des scènes, collant à la direction d’acteur millimétrée de Lee Blakeley, force principale d’un spectacle qui sans elle tournerait au pur produit esthétique.
Sans effacer le souvenir de Mandy Patinkin, le créateur, Julian Ovenden donne un relief assez saisissant à sa double incarnation – Seurat splénétique, renfermé jusqu’au malaise, George brillant mais vide - et Sophie-Louise Dann force un peu le trait en Dot, trop peuple, alors qu’elle trouve le ton juste pour Marie. Mention spéciale pour Rebecca de Pont-Davies, toujours aussi fine musicienne qu’actrice consommé.
Jean-Charles Hoffelé
Sondheim : Sunday in the Park with George (création française) – Paris, Théâtre du Châtelet, 15 avril, prochaines représentations 16, 17, 19, 20, 21, 23, 24 et 25 avril 2013 www.chatelet-theatre.com
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Photo : Marie-Noëlle Robert
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