La venue de jeune chef américain Tito Muñoz à Nancy en 2009 pour diriger Les Neveux du Capitaine Grant de Caballero avait fait sensation tant auprès du public, que des musiciens de l’Orchestre Symphonique et lyrique de Nancy ou de la direction générale de l’Opéra national de Lorraine. Un vrai coup de foudre qui explique la nomination du jeune maestro fin 2010 au poste de Directeur musical des deux institutions lorraines. Tito Muñoz prend ses fonctions en cette rentrée 2011 pour une durée de trois ans, fort déjà d’une solide expérience de la baguette.

Violoniste de formation, Tito Muñoz (né en 1983) s’est laissé tenter par la direction d’orchestre dès la toute fin des années 1990. A partir de 2004 sa vocation s’affirme, grâce à David Zinman qui invite son jeune collègue à prendre part à l’American Academy of Conducting à Aspen (ce qu’il fera trois années d’affilée). Tito Muñoz ne cache pas sa dette envers un maître dont les leçons lui ont énormément apporté. «Mr Zinman étudie la partition de façon extrêmement sérieuse, tout est tellement clair lorsque l’on travaille avec lui ! J’ai aussi été séduit par sa relation avec les musiciens, son sens psychologique. C’est une chose que j’ai retenue de lui : le chef doit être là pour les musiciens, pour leur permettre d’exprimer le meilleur d’eux-mêmes. » Zinman n’a pas été élève de Pierre Monteux pour rien…

Après avoir remporté le Robert J. Harth Conductor Prize en 2005 et le Aspen Conducting Prize en 2006, Tito Muñoz entre cette même année au Slatkin’s National Conducting Institute – Leonard Slatkin étant, à côté de Zinman, l’aîné qui aura le plus compté dans sa formation - et ne tarde pas à faire ses début avec le National Symphony Orchestra à Washington. Véritable cap que 2006, marquée par ailleurs par la nomination du chef comme assistant de Paavo Järvi à Cincinnati.


D’une énergie et d’une musicalité rayonnantes, Tito Muñoz prend son envol. En avril 2007, il devient assistant de Franz Welser-Möst à Cleveland ; fait sa première apparition européenne à Avignon en 2007, avant que la zarzuela de Caballero à Nancy, en janvier 2009, ne le révèle vraiment en France.

« Dès le début quelque chose de très particulier s’est produit entre moi et l’Orchestre de Nancy, se souvient T. Muñoz, une sorte d’électricité, quelque chose est passé. Ce sont des musiciens qui veulent découvrir la musique. Aux Etats-Unis nous avons des orchestres avec un très haut niveau technique, mais souvent, une fois les choses mises en place, les musiciens en restent là. Ils passent la répétition sur de petits détails, mais il n’y a pas vraiment de sens se la découverte, d’envie de se perdre dans la musique. C’est ce que je recherche en tant chef.
A Nancy, je serai présent pour deux productions d’opéras et quatre programmes symphoniques par saison. Le lyrique est une chose assez nouvelle dans mon activité, il y a tellement de partitions que j’aimerais diriger… Quant au symphonique, je souhaite inscrire un certains nombres d’œuvres américaines très courantes dans les programmes outre-Atlantique, mais rares encore en France. »

Pour l’instant, après The Rakes’s Progress dans la mise en scène de Carlos Wagner, un beau challenge attend Tito Muñoz à la tête de l’Orchestre Symphonique et Lyrique de Nancy avec Le Sacre du Printemps et Les Noces de Stravinski, spectacle donné dans une mise en scène et une chorégraphie de Tero Saarinen, avec le Ballet de Lorraine. L’enthousiasme avec lequel le chef se lance dans cette entreprise à la tête de ses instrumentistes lorrains en dit long sur son état d’esprit à l’orée de sa première saison nancéenne.

Alain Cochard

(propos recueillis le 21 octobre 2011)

Stravinski : Le Sacre du Printemps/ Les Noces

25, 25, 27, 28 et 29 octobre 2011 – 20h

Opéra national de Lorraine

Nancy – www.opera-national-lorraine.fr

> Vous souhaitez répondre à l’auteur de cet article ?

> Lire les autres articles d’Alain Cochard

Photo : Dario Acosta