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Tutuguri de Wolfgang Rihm par l’Ensemble Intercontemporain et l’Orchestre du Conservatoire de Paris – Tellurique ! – Compte-rendu
Tutuguri de Wolfgang Rihm par l’Ensemble Intercontemporain et l’Orchestre du Conservatoire de Paris – Tellurique ! – Compte-rendu
Wolfgang Rihm (né en 1952) est un compositeur qui se distingue dans le panorama de la musique dite contemporaine. D’une inspiration sans jamais faillir, il sait aborder des versants autres et inhabituels où se conjuguent éléments extatiques et profusion. En témoigne Tutuguri, partition abondante et néanmoins diffuse, pour récitant, chœur enregistré et grand orchestre riche en percussions.
© Quentin Chevrier
Créée dans sa version complète en 1982 (une commande de la Deutsche Oper Berlin), l’œuvre s’inspire du bref poème éponyme d’Antonin Artaud, « rite du soleil noir » d’après une expérience chamanique amérindienne, prétexte à un fastueux développement dans un spectre sonore alliant silences et déchaînements assourdissants à travers une structure mêlée d’ostinatos d’aspects bruitistes et de déploiements d’orchestre. L’héritage d’Edgar Varèse, revendiqué par le compositeur, se fait sentir pour une facture de rituel apocalyptique. Une œuvre monumentale, opulente et dense, dont la restitution constitue une forme d’événement.
Créée dans sa version complète en 1982 (une commande de la Deutsche Oper Berlin), l’œuvre s’inspire du bref poème éponyme d’Antonin Artaud, « rite du soleil noir » d’après une expérience chamanique amérindienne, prétexte à un fastueux développement dans un spectre sonore alliant silences et déchaînements assourdissants à travers une structure mêlée d’ostinatos d’aspects bruitistes et de déploiements d’orchestre. L’héritage d’Edgar Varèse, revendiqué par le compositeur, se fait sentir pour une facture de rituel apocalyptique. Une œuvre monumentale, opulente et dense, dont la restitution constitue une forme d’événement.
Matisse Humbert © Quentin Chevrier
Il en est ainsi du concert à la grande salle de la Philharmonie de Paris devant un public nombreux (comme rarement pour la musique contemporaine) et des plus attentifs. Pour l’occasion l’Ensemble Intercontemporain, en petit effectif (13 instrumentistes), s’étoffe de l’Orchestre du Conservatoire de Paris, lui en grande formation (plus de 70 participants, dont non moins de 9 percussionnistes), sous la direction investie de Matthias Pintscher. La battue enlevée du chef, sa gestique d’une précision jamais prise en défaut, participent d’un temps étiré où le moment reste suspendu à la manière d’un mantra hindouiste. La longue plage finale, Kreuze (Croix en allemand), à la charge de six percussionnistes spatialisés, se livre percutante et quasi hypnotique (bravo aux percussionnistes du Conservatoire !).
La courte apparition du récitant, déboulant en courant, lance ses bribes de mots tirés du poème d’Artaud en forme de cris, par la transmission parfaitement extériorisée de Matisse Humbert. Ponctuations en phase du chœur enregistré, en sus de quelques « Ah » poussés par les participants et bruits de talons. Et l’ensemble des instrumentistes de s’épancher d’une musicalité d’un seul élan exalté. Deux heures rares et d’une rare intensité.
Pierre-René Serna
Il en est ainsi du concert à la grande salle de la Philharmonie de Paris devant un public nombreux (comme rarement pour la musique contemporaine) et des plus attentifs. Pour l’occasion l’Ensemble Intercontemporain, en petit effectif (13 instrumentistes), s’étoffe de l’Orchestre du Conservatoire de Paris, lui en grande formation (plus de 70 participants, dont non moins de 9 percussionnistes), sous la direction investie de Matthias Pintscher. La battue enlevée du chef, sa gestique d’une précision jamais prise en défaut, participent d’un temps étiré où le moment reste suspendu à la manière d’un mantra hindouiste. La longue plage finale, Kreuze (Croix en allemand), à la charge de six percussionnistes spatialisés, se livre percutante et quasi hypnotique (bravo aux percussionnistes du Conservatoire !).
La courte apparition du récitant, déboulant en courant, lance ses bribes de mots tirés du poème d’Artaud en forme de cris, par la transmission parfaitement extériorisée de Matisse Humbert. Ponctuations en phase du chœur enregistré, en sus de quelques « Ah » poussés par les participants et bruits de talons. Et l’ensemble des instrumentistes de s’épancher d’une musicalité d’un seul élan exalté. Deux heures rares et d’une rare intensité.
Pierre-René Serna
Paris, Grande salle de la Philharmonie, 17 janvier 2022
Photo © Quentin Chevrier
Photo © Quentin Chevrier
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