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Un Bizet inédit - Trois questions à Jean-Luc Tingaud
Inscrit dans le cycle des Inédits de la BNF, le prochain concert dirigé par Jean-Luc Tingaud à la tête de l’Orchestre OstinatO le 9 juin va séduire les amateurs de raretés françaises. Faible mot pour désigner la cantate David de Bizet. Datée de 1856, elle valut le Second Prix de Rome à son auteur, qui dut attendre l’année suivante pour que Clovis et Clothilde, ouvrage couronné d’un Premier Prix, lui ouvre les portes de la Villa Medicis. Longtemps on crut la partition de David disparue. Finalement retrouvée dans les collections de la Bibliothèque Nationale, elle va résonner pour la première fois depuis sa création le 4 octobre 1856, interprétée par un beau trio vocal (Anne-Marguerite Werster, Sébastien Guèze, Florian Westphal) au sein d’un programme où figurent d’autres pages de jeunesse de Bizet. A cette occasion, concertclassic a interrogé Jean-Luc Tingaud
En quoi consiste l’originalité de la cantate David ?
Jean-Luc Tingaud : Il s’agit d’une des toutes premières compositions vocales de Bizet, une œuvre relativement longue (une vingtaine de minutes), écrite pour trois voix, où l’on sent déjà le Bizet en éclosion. Cette cantate s’inspire d’un épisode biblique et montre le compositeur utilisant déjà les superpositions de plans, on trouve des motifs qui traversent l’œuvre, ce qui est très original de la part d’un compositeur de dix-sept ans. On entend des fanfares au début de la partition, qui reviennent à plusieurs reprises comme un fil conducteur, on entend aussi un motif d’amour d’un profond lyrisme qui appartient déjà au Bizet des grandes mélodies infinies ; en bref plein d’éléments annonciateurs de ce que va devenir Bizet.
C’est passionnant de découvrir une telle œuvre. Nous avions fait de même l’an dernier, toujours dans le cycle de la BNF, avec la cantate Le Gladiateur de Debussy qui a également valu un Second Prix de Rome à Debussy en 1883 avant qu’il n’obtienne le Premier Grand Prix l’année suivante avec L’Enfant prodigue. Je vais d’ailleurs enregistrer Le Gladiateur pour la BBC cet été et cette œuvre, comme David, a été éditée par les Editions Symétrie
Quelles œuvres complètent votre programme, pourquoi les avoir retenues ?
J.L. T. : J’ai choisi l’Ouverture de la, qui est la première œuvre symphonique de Bizet et présente déjà beaucoup de qualités, une grande finesse d’orchestration. Dans David, ce qui ressort avant tout c’est le génie de l’écriture vocale et déjà celui de la forme, tandis qu’avec l’Ouverture, antérieure d’un an à la cantate, on mesure la précocité de l’orchestrateur. Par ailleurs, plutôt que la Symphonie en ut, très connue, j’ai préféré retenir le premier mouvement de la Symphonie « Roma » pour rester autour du thème du Prix de Rome car l’élaboration de cette œuvre a débuté lors du séjour à la Villa Medicis.
Avez-vous déjà des pistes pour les Inédits de la BNF la saison prochaine ?
J.L. T. : Après Debussy et Bizet, nous nous intéresserons à Gounod l’année prochaine et il y aura des surprises intéressantes…
Propos recueillis par Alain Cochard, le vendredi 20 mai 2009
Les Inédits de la BNF
Œuvres de Bizet
Anne-Marguerite Werster, Sébastien Guèze, Florian Westphal
Orchestre OstinatO, dir. Jean-Luc Tingaud
Le 9 juin à 18h30
Entrée libre
Bibliothèque François-Mitterrand
Quai François Mauriac
Grand Auditorium –Hall Est
Infos : 01 53 79 53 79
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Photo : DR
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