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Un train pour Johannesburg au Festival de Saint-Céré - Weill du côté de Gershwin - Compte-rendu
Comme il existe des drames joyeux (Don Giovanni par exemple) il y a aussi des comédies musicales « tragiques » selon l’indication de Kurt Weill en titre de son ultime ouvrage lyrique Lost in the Stars inspiré en 1949 du roman du Sud-Africain anti-apartheid Alan Stewart Paton Pleure, ô pays bien aimé ! Si le public d’aujourd’hui songe immanquablement à Mandela, il s’agissait à la création à Broadway d’un acte militant contre la politique ségrégationniste sud-africaine juste avant le déferlement du maccarthysme aux Etats-Unis.
Soixante-trois ans après, en lieu et place du paradis d’une humanité réconciliée, cet enfer pavé de bonnes intentions ne risquait-il pas de prendre un coup de vieux ? Ce serait compter sans la musique de Weill et de son génie de la synthèse des styles Et surtout de la virtuosité scénique comme de la foi - osons le mot ! - d’une vraie troupe qui s’est forgée tout au long de la tournée d’hiver qui a suivi la création de ce spectacle d’Olivier Desbordes qui connaît son Kurt Weill comme personne depuis son mémorable Lac d’argent, et sait qu’il faut savoir prendre des libertés avec les chefs-d’œuvre pour leur sauver la mise aux yeux de générations de sensibilités différentes.
Avec sa fidèle équipe, Dominique Trottein au piano et à la baguette, Patrice Gouron aux décors, et Jean-Michel Angays aux costumes joliment couleur locale, il met le feu de la passion au plateau où le passage du français à l’anglais se fait sans heurt au gré des notes. C’est un bonheur communicatif pour les artistes comme pour l’assistance. L’ensemble est dominé – mais non écrasé – par la personnalité centrale du pasteur de Jean-Loup Pagésy (écartelé entre ses convictions généreuses et l’amour d’un fils meurtrier malgré lui) qui chante également l’autre père noble du festival avec le Commandeur de Don Juan. Il faut encore citer les remarquables prestations d’Anandha Seethanen, Dalila Khatir, Christophe Lacassagne, Eric Vignau et Joël O Cangha.
Jacques Doucelin
Festival de Saint-Céré, 7 août, prochaines représentations les 12 et 14 août 2013 www.festival-saint-cere.com
Prochaine tournée : Saint-Michel-sur Orge (7 déc.), Vevey (14 déc.), Massy (7 fév. 2014), Brive (9 fév.), Perpignan (21 fév.), Marciac (23 & 24 fév.)
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Photo : Nelly Blaya
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