Finalement le voici, cet opéra maudit que Bernard Herrmann (1911-1975) (photo) ne vit jamais monté de son vivant. Wuthering Heights dut attendre le 6 novembre 1982 pour éprouver les feux de la rampe à l’Opéra de Portland dans une très discrète production demeurée sans lendemain. Mais le compositeur célébré pour ses opus cinématographiques tenait tant à son drame lyrique qu’il mit la main au portefeuille pour le présenter en 1966 au public londonien lors d’un concert devenu mythique et qui trouva son prolongement au disque.

Il y a fort à parier que devant l’affiche exceptionnelle réunie par le Festival de Montpellier, la prochaine soirée du 14 juillet finira elle aussi en galettes : Laura Aikin en Catherine, Boaz Daniel en Heathcliff formeront un couple aussi torturé que magnétique, et leurs comprimari promettent beaucoup. Le Texier pour Hindley, la toujours parfaite Hanna Schaer en Nelly, Yves Saelen pour Edgar, Nicolas Cavalier et Jérôme Varnier pour les essentielles clefs de fa, quel luxe, surtout lorsque l’on sait que les forces montpelliéraines seront conduites par l’impeccable Alain Altinoglu.

Rappelons que Bernard Herrmann et sa première épouse de librettiste, Lucille Fletcher, se concentrèrent sur la première partie du roman d’Emilie Brontë, celle traitant des amours de Catherine et d’Heathcliff. Structure cinématographique, toute en flashbacks, orchestre faramineux d’atmosphères et de suggestions, l’ouvrage surprendra assurément, et après cette redécouverte d’un opéra écrit en 1951, le Festival de Montpellier serait bien inspiré de nous révéler lors de sa prochaine édition le très remarquable opéra que Carlisle Floyd tira du même roman en 1958, et qui connut aux Etats-Unis une certaine pérennité.

Jean-Charles Hoffelé

Bernard Herrmann : Wuthering Heights (Les Hauts de Hurlevent)
Festival de Radio-France et de Montpellier
14 juillet – Le Corum

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Photo : DR