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“ ¡Viva las Américas! ” par l’Orchestre Pasdeloup - Nouveau monde musical - Compte-rendu
L’Orchestre Pasdeloup doit avoir un secret. Ainsi pour ce concert “ ¡Viva las Américas! ”, rassemblant des musiques latino-américaines totalement inconnues et propres à dérouter le public, mais qui fait salle bondée au Châtelet. Le secret réside peut-être, outre une habile promotion, dans la qualité de la prestation offerte. Qui logiquement cultive et entretient un auditoire fidèle…
Car à l’originalité du programme de ce concert, s’ajoute la valeur de sa restitution. Alors que bien des institutions musicales de France et de Navarre ronronnent, écumant perpétuellement le même répertoire, Pasdeloup se distingue, qui navigue en territoire inexploré. Cela pourrait aussi représenter un risque, vis-à-vis de la billetterie (mais il faut croire que non !), ou du côté de l’interprétation, aventurée hors de ses confortables habitudes. Il n’en est rien, si l’on en juge par le résultat !
On doit à Christophe Mirambeau, conseiller artistique et présentateur au bagout fleuri (et pianiste à l’occasion), d’avoir concocté cette alléchante suite de pages venues des Amériques. Et d’avoir su, également, extirper et dénicher des partitions, et au besoin procéder à leurs restaurations ou à leurs arrangements. D’où un florilège de premières françaises, avec les pièces pour orchestre des Argentins Carlos López Buchardo (1881-1948) et Carlos Guastavino (1912-2000), des Mexicains Manuel Ponce (1882-1948) et Arturo Márquez (né en 1950), ou du Cubain Ernesto Lecuona (1895-1963). Louis Moreau Gottschalk (1829-1869), compositeur originaire des États-Unis mieux connu sous nos cieux (mais pas tant que cela), profite de son côté de deux partitions restaurées pour la circonstance, dont un virevoltant extrait de sa symphonie La noche de los tropicos. Autant de découvertes passionnantes. Se détachent toutefois, parmi nombre de morceaux captivants et différents à bien des égards, la magnifique Rapsodia cubana de Lecuona, compositeur plus célèbre pour ses zarzuelas, ou le pétulant Conga del fuego nuevo de Márquez (créé en 2009 au Vénézuela par Gustavo Dudamel). Pour sa part, Tornasoles, commande de Pasdeloup à la compositrice argentine María Misael Gauchat et création mondiale, fait une pause rafraîchissante, avec ses cordes frottées et ses papiers froissés.
Mais tout cela ne serait rien sans une transmission, qui ici resplendit. L’Orchestre Pasdeloup, constitué d’instrumentistes d’excellent niveau, souvent venus des plus prestigieuses formations parisiennes, semble actuellement au mieux de sa forme, mariant homogénéité d’ensemble, acuité individuelle et beauté des timbres. La direction de Pierre Dumoussaud (photo), tout jeune chef de 23 ans, y contribue pour beaucoup, menant ses troupes avec vigueur et précision. Alors qu’au piano Olivier Besnard conjugue musicalité et virtuosité sans faille.
Pierre-René Serna
Paris, Théâtre du Châtelet, 25 janvier 2014
Photo © DR
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