Les symphonies de Schumann sont maudites affirme-t-on. Des générations de musicologues les ont trouvées mal orchestrées, construites de guingois, emplies d’éléments exogènes. Même Mahler, conscient pourtant de la valeur cachée -croyait-il - de ces partitions en proposa sa propre version. Mais patatras, il les alourdit d’autant plus en les assortissant de doublures éléphantesques, et leur refusa toute poésie. Et si l’on revenait au véritable orchestre que Schumann avait en tête, enfant du premier romantisme, où les ensembles doivent fuser autant que les soli, où les rythmes sont aiguisés et les mélodies désarmantes dans l’héroïsme, la jubilation, comme dans le spleen ou la poésie ?

Cela semble être le projet de Yannick Nézet-Séguin et de l’Orchestre de Chambre d’Europe, ensemble dont le qualificatif dévoile bien la nature. Chambristes donc, vives et perçantes elles seront, comme on les aime, un peu à part du grand corpus symphonique romantique, plus proche de Weber que de Bruckner. Le – toujours - jeune chef canadien propose non seulement les quatre symphonies, mais également la transcendante ouverture pour le Manfred de Byron, le Concerto pour piano (avec Nicholas Angelich, mazette !), et les deux concertos pour archet par les Capuçon (1), ensemble parfait qui occupera généreusement trois soirées, rendez-vous idéal pour entrer dans l’univers Schumann.

Jean-Charles Hoffelé

(1)Renaud Capuçon vient de graver une très lumineuse version du Concerto à la mémoire d’un Ange d’Alban Berg avec le concours des Wiener Philharmoniker et de Daniel Harding, s’approchant de son modèle dans cette œuvre, Christian Ferras. Leur Concerto de Brahms, couplage inédit au disque, est bien moins convaincant. (1 CD Virgin 6026532 )

Intégrale Schumann
Orchestre de Chambre d’Europe , dir. Yannick Nézet-Séguin /
Nicholas Angelich, Renaud et Gautier Capuçon
Les 2, 3 et 4 novembre 2012
Paris, Cité de la Musique,
www.citedelamusique.fr

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Photo : Trevor Lush et le CNA