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Patrizia Ciofi, Pierre Bleuse et l’Orchestre de l’Opéra de Lyon inaugurent le 1er Festival Variations classiques d’Annecy – Séduisant
Le concert inaugural du festival « Variations classiques » d'Annecy, conçu autour de la personnalité de Catherine Frot et de son rapport à la musique, rassemblait l'Orchestre de l'Opéra de Lyon et une soliste de choix : Patrizia Ciofi (photo). Avec elle aucun risque de voir surgir le spectre de Florence Foster Jenkins, soprano-crécelle qui inspira à la comédienne française le touchant personnage de Marguerite dans le film de Xavier Giannoli.
Dirigée avec brio et une réelle volupté dans les courbes et les atmosphères engourdies de soleil, la première partie était placée sous le signe de l'Espagne. Rythmés, arides mais d'une exubérante sensualité, les extraits du Tricorne et de L'Amour sorcier de De Falla ont trouvé leur maître en la personne de Pierre Bleuse, chef subtil et enflammé très à l'aise dans ce répertoire, prolongés par la célèbre Habanera de Chabrier aux lignes admirablement dessinées. Entre ces morceaux chorégraphiques, Grenade et ses jardins étaient évoqués par la cantatrice qui se glissait dans la peau de Zaïde (Berlioz), avant de livrer une lecture très personnelle des Sept chansons populaires espagnoles de Falla, à la psychologie finement travaillée.
Pierre Bleuse et l'Orchestre de l'Opéra de Lyon © Yannick Perrin
L'Italie succédait à l'Espagne avec Verdi, une ouverture de La Forza del destino conduite avec impétuosité, le poids du destin et de la détresse humaine parcourant les deux Intermezzi (Cavalleria rusticana et Manon Lescaut) choisis pour mettre en valeur le sens du drame, les couleurs et la richesse des phrasés de la phalange lyonnaise.
De son côté, Patrizia Ciofi offrait en exclusivité au public l'air de Mathilde « Sombre forêt », issu du Guillaume Tell de Rossini, révélant le trouble et l'émotion qui caractérisent cette délicate amoureuse, avant de se lancer dans son premier « Casta diva ». Quelques semaines avant d'aborder le chef-d’œuvre de Bellini à Liège (1), la cantatrice s'est donc mesurée avec succès à la fameuse prière de Norma, dont elle a su évaluer comme à son habitude le style avec une précision apparemment instinctive, se montrant d'une grande éloquence ; voix posée, ligne contrôlée, paroles nimbées de mystère, rien de manquait à l'appel, l'artiste pouvant compter sur la présence d'une chef attentif à restituer la magie de cette scène rituelle, par un tempo idéalement délivré.
Avec l'ébouriffant boléro « Icilio quel magnanimo » extrait de l'opéra de Mercadante, Virginia, air alternatif chanté dans la récente production lyonnaise « Viva la Mamma ! » de Donizetti (2), le concert prenait fin sur une note légère, Patrizia Ciofi acceptant de revenir sous les applaudissement à deux reprises, d'abord avec Polo dernières des Sept chansons populaires espagnoles, puis Nana, berceuse susurrée à l'oreille des auditeurs, pleine de poésie.
François Lesueur
(1) www.operaliege.be/fr/activites/norma
(2) Lire le CR : www.concertclassic.com/article/viva-la-mamma-de-donizetti-lopera-de-lyon-naouri-de-se-voir-si-belle-compte-rendu
30 août 2017, Bonlieu, Scène nationale
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