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4 Caprices de divas
Qu’est-ce qu’une « diva » ? Une cantatrice, mais aussi une déesse selon l’étymologie, italienne. Et qu’est-ce qu’un caprice ? Une « volonté soudaine et irréfléchie » d’après la définition du Larousse, et un frisson, un désir soudain si l’on croit le mot italien dont il provient : capriccio.
Petit tour d’horizon de quelques grands caprices de divas.
La Castafiore
On ne saura jamais vraiment de qui s’est inspiré Hergé pour imaginer cette cantatrice à la voix assourdissante toujours flanquée de son pianiste Wagner et de sa camériste Irma… Maria Callas pour le glamour, la tante du dessinateur pour la voix forte… Elisabeth Foster Jenkins pour l’absence totale de maîtrise de soi… Toutes les options sont ouvertes dans ce dossier qui a longuement occupé de très nombreux tintinophiles.
Personnage haut en couleur, le « Rossignol milanais » enchaîne les caprices les plus caricaturaux tout au long des albums, contribuant à forger aux yeux du plus grand nombre l’image de la prima donna insupportable. Elle sauve pourtant la vie de Tintin à plusieurs reprises …
On retiendra parmi ses innombrables caprices celui de Tintin et les Picaros : accusée d’avoir fomenté un coup d’Etat et emprisonnée par le Général Tapioca, elle jette le plat de pâtes qu’on lui apporte dans sa cellule à la tête de ses geôliers au prétexte qu’elles ne sont pas al dente. Panache ou caprice, c’est selon.
Giuseppina Grassini (1773-1850)
Revenons à l’étymologie du mot caprice – désir soudain – pour ce portrait de Giuseppina Grassini. Née à Varese, la contralto éclipse vite ses concurrentes par sa beauté, son jeu et sa technique. Elle fait également chavirer les cœurs : dont celui de Napoléon, qui la fait venir à Paris et la nomme Première cantatrice de sa Majesté l’Empereur. Napoléon déchu en 1814, elle rentre à Rome avant de revenir à Paris pendant les Cent-Jours. Il perd à nouveau le pouvoir, mais cette fois-ci, elle reste ! En effet, la chanteuse vient de rencontrer l’Ambassadeur d’Angleterre, le Duc de Wellington ... Prise d’un « désir soudain » pour le principal adversaire de son ancien amant, elle se jette dans ses bras. Leur amour fait la une des gazettes de l’époque, au point que le Louis XVIII lui impose de quitter la France. Elle rentrera en Italie terminer sa carrière.
Adelina Patti (1843-1919)
Considérée par Verdi lui-même comme l’une des plus belles voix (soprano colorature) de son temps et l’une des meilleures actrices, Adelina Patti était tout aussi réputée pour son caractère épouvantable, et ses redoutables exigences financières : son contrat type exigeait qu’elle soit payée en or, avant chaque représentation, alors que la tradition privilégiait à l’époque les paiements en liquide pendant l’entracte. Elle avait le droit de ne pas venir aux répétitions, et certaines des artistes ayant partagé la scène avec elle rapportèrent de grossières tentatives de déstabilisation pendant les représentations.
Faustina Bordoni (1697-1781) & Francesca Cuzzoni (1696-1778)
Prenez deux sopranos italiennes au talent, à l’ego et à la renommée comparables, mais à la voix différente. Mettez-les dans les mains d’un compositeur-impresario-chef d’orchestre, Haendel, organisant des opéras toujours plus grands, avec des décors somptueux et rassemblant le plateau le plus prestigieux possible. Ajoutez un public friand d’éclat, adorant prendre parti, prêt à siffler les artistes du camp opposé : vous obtenez l’un des plus grands fiascos de l’histoire.
C’est ce qui arrive en juin 1728, où l’on représente Astianatte à la Royal Academy of Music, propriété de Haendel. Dans cet opéra seria, on compte parmi les rôles principaux la Cuzzoni et… la Bordoni. Rémunération, talent, amours : elles sont rivales depuis plusieurs années déjà et le public se délecte de la situation. Ce soir-là, après les civilités du premier acte, le public se lâche et se divise clairement en deux camps. Ils sifflent copieusement, chacun son tour, les apparitions de la cantatrice « adverse ». Les mots, durs, fusent, puis on en vient aux mains. Un pugilat s’engage, que les cantatrices suivent depuis la scène, en se crêpant le chignon, sous les yeux médusés de la Princesse de Galles. L’affaire portera un coup fatal à la Royal Academy of Music, dont la santé financière était déjà très précaire.
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