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Les sept péchés capitaux à l'Opéra national du Rhin – Audacieuse association – Compte-rendu
La mise en scène de David Pountney juxtapose sans véritable rupture les trois œuvres, bien que les esthétiques de Schoenberg et de Weill divergent (d’ailleurs ils ne s’appréciaient guère), mais les tuilages se font avec virtuosité et aisance. Difficile de dégager une trame narrative dans cette vision où le dadaïsme et l’univers kafkaïen se confrontent à un lyrisme envoûtant. Les décors de Marie-Jeanne Lecca parfois déjantés (un bar, un ring de boxe, une maison close, un salon de jeux) pourraient appartenir à l’univers du Lulu de Berg et autorisent toutes les audaces.
On a les yeux de Chimène pour l’épatante soprano Lenneke Ruiten, aussi envoûtante dans Pierrot lunaire, que Jessie de Mahagonny ou Anna des Sept péchés. Vibrante, rompue au style de la comédie américaine comme du sprechgesang, elle se distingue par une prestation de haute volée.
A son côté, son double et sœur Bessie, incarnée par Lauren Michelle, n’est pas en reste par son engagement et la justesse du style.
Les seconds rôles sont tenus de manière suggestive par une folle équipe d’acteurs et chanteurs ; Roger Honeywell, Stefan Sbonnik, Antoine Foulon et Patrick Blackwell constituent un quatuor proche par la voix des Comedian Harmonists et, par le sens du théâtre, de la Commedia dell’arte ou de l’Opéra de quat’sous. Sans cesse présente, la Danseuse, Wandy Tadrous, réalise un tour de force dans une chorégraphie alerte et véloce d’Amir Hosseinpour et de Beate Vollack.
Tantôt derrière un écran métallique en épis, sur le plateau ou dans la fosse, les musiciens de l’Orchestre symphonique de Mulhouse, en formation à géométrie variable selon l’effectif de chaque œuvre, tiennent la plupart du temps une place de soliste (remarquables interventions dans Pierrot lunaire). Direction sûre de Roland Kluttig qui, sans lâcher complètement la bride (cela devrait gagner en souplesse au fil des représentations), se meut avec un plaisir évident dans les rythmes jazzy ou les subtilités expressionnistes. Ce spectacle original et inventif est à mettre au crédit d’Eva Kleinitz, nouvelle directrice générale de l’Opéra national du Rhin.
Michel Le Naour
Photo (Les Sept péchés capitaux) © Klara Beck - OnR
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